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lui un excellent souvenir. Toujours le premier au jeu, il était aussi un des premiers à l’étude, et occupait une bonne place dans sa classe. Son excellent cœur, sa franchise lui faisaient aisément pardonner sa pétulance et ses espiègleries.

En octobre 1834, le jeune Daveluy alla faire sa philosophie à Issy, et du moment qu’il eut revêtu l’habit ecclésiastique, une véritable transformation commença à s’opérer en lui. Quoiqu’il eût été jusque-là sincèrement pieux, c’était pour ainsi dire sans le paraître ; sa vivacité naturelle n’était point comprimée, son caractère violent et indompté perçait à chaque instant, mais à dater de ce jour, il fit des progrès rapides dans la mortification et la vertu. Il réfléchit sérieusement sur le sacerdoce qu’il voulait recevoir, sur la préparation qu’une telle grâce demande de celui que Dieu y appelle, et se mit à l’œuvre avec d’autant plus de résolution que, dès lors, comme il l’a lui-même dit plus tard, il songeait à se consacrer à l’apostolat des infidèles. En 1836, sa philosophie terminée, il entra à Saint-Sulpice pour suivre le cours de théologie. Il serait difficile de dire combien le séjour qu’il fit dans cette sainte maison lui fut profitable. Sa ferveur, son humilité, sa dévotion, augmentaient chaque jour ; mais, ce que l’on remarquait surtout en lui, c’était sa piété filiale envers la Sainte Vierge. On raconte qu’un ami de sa famille étant venu le demander au parloir, le portier ne le trouva point, et répondit pour s’excuser : « Je ne sais plus où le chercher ; il aura rencontré quelque image de la Sainte Vierge sur son passage, et sera resté là, à genoux, en prières. »

La pensée des missions ne le quittait plus, et après sa première année de théologie, il demanda à entrer dans la Compagnie de Jésus, et alla à Saint-Acheul faire une retraite préparatoire pour consulter la volonté de Dieu. Le médecin de la maison jugea que sa santé ne lui permettait pas alors de donner suite à son pieux dessein. Il revint donc continuer ses études à Saint-Sulpice, et fut bientôt chargé de faire le catéchisme à la paroisse. En 1838, se trouvait au séminaire des Missions-Étrangères un de ses amis, M. l’abbé Dupont, depuis évêque d’Azoth et vicaire apostolique de Siam, qui se préparait à partir pour l’Asie. Cette heureuse circonstance procura à M. Daveluy l’occasion de venir assez fréquemment au séminaire des Missions-Étrangères, et son désir de prêcher l’Évangile aux païens s’en accrut prodigieusement. Mais sa santé s’affaiblissait de plus en plus, et lorsqu’il fut sous-diacre, il dut interrompre ses études pendant une année entière. Ce ne fut pas une année perdue. Le curé de la paroisse de