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jours, car la guerre des Anglais avait rendu les communications plus fréquentes et plus faciles.

À la suite de cette guerre, l’Église de Chine avait vu luire l’aurore de sa liberté. Une convention passée entre M. de Lagrenée, ministre plénipotentiaire français, et Ki-in, délégué impérial, et approuvée dans un édit du 28 décembre 1844, par l’empereur Tao-koang, portait que désormais la religion chrétienne serait tolérée en Chine. Le droit des missionnaires de prêcher la religion dans l’intérieur du pays n’était pas reconnu, mais il était statué que si un prêtre étranger osait franchir les frontières, il serait arrêté par les autorités locales qui ne lui infligeraient aucun châtiment, mais le remettraient entre les mains du consul de sa nation le plus rapproché, pour être par celui-ci puni et contenu dans le devoir. Comme on le voit, ce n’était pas encore la liberté, mais c’en était le premier germe, et il est certain que cette convention a été le point de départ d’une ère toute nouvelle pour les chrétientés de l’extrême Orient, qui en accueillirent la nouvelle avec la joie la plus vive.

Malheureusement, la tolérance accordée aux chrétiens de l’empire ne s’étendait pas à ceux des royaumes vassaux ou tributaires de la Chine. Rien n’était donc changé dans l’état de la chrétienté coréenne. D’un autre côté, Mgr Ferréol apprit bientôt que les Français ne songeaient plus à aller en Corée, et il ne savait quel parti prendre, quand tout à coup, au mois de juin 1845, une nouvelle inattendue vint ranimer ses espérances. Son diacre André Kim venait d’arriver à Wou-song, près de Chang-haï, sur une petite barque coréenne. Avec une simple boussole, il avait traversé une mer tout à fait inconnue pour lui comme pour son équipage. Il venait chercher son évêque pour le conduire par mer dans son pays. Les deux lettres suivantes adressées par André à M. Libois, procureur des Missions-Étrangères à Macao, et qui sont comme le journal de son voyage, nous feront connaître à travers quels périls et quelles difficultés l’intrépide jeune homme avait dû passer, pour réaliser son héroïque entreprise.

La première de ces lettres est datée de Séoul, capitale de la Corée, le 27 mars 1845. (Traduction du latin.)


« Très-révérend Père,

« L’année passée, comme vous le savez déjà, parti de Mongolie avec le très-révérend évêque Ferréol, j’arrivai sans accident avec Sa Grandeur jusqu’à Pien-men. Là, les chrétiens venus de Corée ayant exposé à Monseigneur les difficultés qui s’opposaient à son