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tête d’une troupe d’insurgés, fut pris et mis à mort. Après l’exécution, son corps fut coupé en morceaux que l’on promena dans les diverses provinces, pour effrayer les rebelles.

Enfin, les résultats de la persécution de 1839 furent tout autres que ne l’espérait le gouvernement coréen. Les chrétiens, il est vrai, y perdirent leurs pasteurs et le plus grand nombre de leurs catéchistes, mais ce ne fut pour la chrétienté qu’une privation passagère. Après la mort du Père T’siou, en 1801, l’Église coréenne avait dû rester veuve pendant plus de trente ans, mais, cette fois, les circonstances n’étaient plus les mêmes, les missionnaires européens avaient appris le chemin de la Corée, et la voie qu’on essayait en vain de leur fermer, devait se rouvrir bientôt devant leurs persévérants efforts. D’un autre côté, outre l’avantage, si grand aux yeux de la foi, de compter dans le ciel tant de nouveaux martyrs et intercesseurs, la religion gagnait une publicité que des années de prédication n’eussent pu lui donner. Depuis le premier ministre jusqu’au dernier valet de prison, juges, mandarins, nobles, lettrés, gens du peuple, satellites, bourreaux, dans les districts les plus éloignés aussi bien qu’à la capitale, tous entendirent parler de la religion chrétienne, tous acquirent une certaine connaissance de ses principaux dogmes. La semence de la parole de Dieu fut portée par la tempête aux quatre vents du ciel, et qui nous dira dans combien d’âmes cette semence féconde germa en fruits de salut ? Un fait que les missionnaires ont souvent constaté depuis, c’est qu’à partir de cette persécution surtout, on cessa de mépriser les chrétiens et leur doctrine. L’hostilité du gouvernement n’a pas diminué, mais l’opinion publique rend justice à la charité, à la pudeur, à la patience, à la bonne foi, à toutes les vertus dont nos confesseurs donnèrent alors de si éclatants exemples.