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nique à son tour convertit bientôt bon nombre de ses parents et connaissances. Pendant la persécution de 1839, il rendit d’importants services à la mission. Il était un de ceux qui aidèrent André Son à préparer une retraite à l’évêque, qui allèrent chercher Mgr Imbert en bateau, amenèrent les missionnaires auprès de lui, et tirent divers autres voyages de cette nature. Dénoncé par des traîtres, il fut pris, conduit à la capitale et mis à la question. Pendant quelques jours il demeura ferme dans les supplices, mais ensuite, entrevoyant l’espoir de se sauver la vie, il eut le malheur d’apostasier. On ne le mit pas néanmoins en liberté, et il végétait dans la prison quand Étienne Min y arriva. Touché des exhortations de ce dernier, il fit une rétractation solennelle, après quoi il reçut, pendant trois jours consécutifs, cent quatre-vingts coups de la planche à voleurs, et fut enfin étranglé.

Côme Nie Sa-ieng-i, du district de Tek-san, fut instruit de la religion par sa mère, et, malgré la vive opposition de son père encore païen, continua à la pratiquer assidûment, au milieu de beaucoup d’épreuves. Après la mort de son père, il s’en alla dans la province de Kang-ouen, où il eut bientôt dépensé tout ce qu’il possédait, puis revint dans son pays natal, et eut le bonheur de convertir bon nombre de ses parents païens. Ayant émigré à Siong-t’siou quand éclata la persécution, il fut trompé par le traître Kim Ie-saing-i et conduit à la capitale, où il racheta par l’apostasie sa vie et sa liberté. À la huitième lune il fut repris de nouveau, encore par les menées du traître ; il témoigna son vif regret d’avoir apostasié, supporta courageusement les supplices, et fut étranglé avec Dominique Kim, un des derniers jours de la douzième lune.

Le même jour, un autre apostat recevait de la miséricorde divine la double grâce de la contrition et du martyre. C’était Paul He Heim-i, soldat de la division To-kam, à la capitale. Il avait toujours été fervent chrétien. Arrêté quelques mois auparavant, il souffrit longtemps et avec courage de violentes tortures. Mais un jour, vaincu par la douleur, il demanda grâce et proféra une parole d’apostasie. Le repentir suivit de près, et il se rétracta publiquement. Les geôliers furieux le forcèrent à manger des excréments, comme marque de la sincérité de cette rétractation. Il resta encore longtemps en prison, eut à supporter divers supplices, fut frappé plus de cent trente fois de la planche à voleurs et mourut enfin sous les coups.


Cependant les derniers jours de l’année approchaient, et le