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Toutes les trois réunies se livraient avec ferveur aux exercices de piété et de pénitence, quand les satellites furent lancés à la recherche d’Agathe Kouen, qu’un apostat avait dénoncée. Le 7 de la sixième lune, pendant la nuit, elles furent arrêtées toutes les trois, et avec elle, une jeune esclave chrétienne. Le mandarin, ayant pris leurs noms, fit mettre Madeleine seule en prison, et laissa les trois jeunes femmes dans une maison voisine, avec des gardes. On eut bientôt le mot de cette étrange conduite. Le traître Kim Ie-saing-i alla les voir, et par promesses, par menaces, par tous les moyens possibles de séduction, s’efforça d’engager Agathe Kouen à fuir avec lui. Elle ne répondit que par des paroles de mépris. Les satellites, touchés de sa jeunesse et de sa beauté, consentirent à la débarrasser des poursuites de ce traître, en facilitant son évasion, et, quelques jours après, elle s’enfuit avec la jeune esclave. Mais le gouvernement, ayant appris les détails de cette affaire, cassa le mandarin complaisant et exila plusieurs des gardiens. On se mit de nouveau à la poursuite d’Agathe Kouen, qui finit par retomber entre les mains des satellites. Le grand juge criminel infligea de terribles supplices à Madeleine et aux deux Agathe. Elles les supportèrent avec une patience intrépide, et furent envoyées au tribunal des crimes, où de nouveaux interrogatoires et de nouvelles souffrances les attendaient. Constantes dans leur première résolution, elles furent enfin condamnées à mort. Madeleine Han fut décapitée la première, avec les six autres confesseurs. Elle était âgée de cinquante-six ans. Sa fille Agathe Kouen, qui n’avait guère plus de vingt et un ans, et Agathe Ni, qui en avait vingt-sept, le furent un mois plus tard, comme nous le verrons.

Ces sept martyrs du 29 décembre furent, selon l’usage, exécutés en dehors de la petite porte de l’ouest.


Cependant le ministre T’sio In-ieng-i trouvait que les choses allaient trop lentement, et voulant en finir avant le jour de l’an coréen, sans trop multiplier les exécutions publiques, il renouvela l’ordre d’étrangler secrètement, dans leurs cachots, le plus possible de prisonniers. Ces sortes d’exécutions furent très-nombreuses, et nous avons la douleur d’y compter celles de plusieurs apostats dont le retour à Dieu est bien loin d’être clairement prouvé, et dont, par conséquent, nous ne nous occuperons pas. Nous ne voulons parler que des vrais confesseurs de la foi, tant de ceux qui ne faiblirent pas devant les juges, que de ceux qui, après un moment de lâcheté et d’oubli, firent une rétractation solennelle.