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depuis peu de temps, il était allé rendre visite à son frère aîné au village de Tsin-sou, quand il fut pris avec lui et plusieurs autres chrétiens, à la septième lune. Le juge criminel lui dit :

« Tu n’es encore qu’un enfant, dis seulement que tu ne le feras plus, et on te relâchera aussitôt. » Il répondit : « Après avoir connu le bonheur de servir mon Dieu, comment pourrais-je le renier par crainte du supplice ? » Et le juge, ne pouvant rien obtenir par la douceur, le fit mettre à la torture. Tout fut inutile. Envoyé devant le gouverneur, Jacques eut la douleur de voir apostasier son frère aîné. Il ne se laissa pas ébranler et tint ferme dans les supplices, ce qui lui valut la sentence de mort, que ses désirs appelaient depuis longtemps. Il partagea dans la prison les souffrances des autres confesseurs. On les y laissa languir plusieurs mois, mais enfin toutes les formalités ayant été remplies, le jour du supplice fut fixé. Protais exhorta ses fils, qui jusqu’alors avaient été d’assez mauvais chrétiens, et ses paroles, que la circonstance rendait plus éloquentes, firent sur leur cœur une vive impression. Comme ils versaient des larmes en le voyant partir, il leur répéta plusieurs fois qu’il fallait se réjouir et non pleurer. Il se rendit au lieu de l’exécution avec un visage calme et sérieux ; on remarquait, au contraire, l’air de satisfaction des autres confesseurs. Ils furent décapités ensemble le 30 de la onzième lune, 4 janvier 1840. Protais avait soixante ans ; Jacques O, dix-neuf ; Madeleine Ni, trente-deux ; Barbe T’soi comptait cinquante et quelques années.

Dans cette glorieuse troupe de martyrs de la maison de Protais Hong, se trouvèrent ainsi réunis tous les âges et toutes les conditions : un vieillard, deux veuves, deux femmes mariées, une jeune vierge, un petit enfant. C’est par leur supplice que la persécution se termina dans la province de Tsien-la, et leurs actes demeurent une des plus belles pages de l’histoire de cette chrétienté.