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de consoler les chrétiens, tout en redoublant de ferveur pour se préparer elle-même à la mort. En vain le mandarin lui promit la vie, si elle voulait apostasier ; en vain dans sept interrogatoires successifs on lui fit subir les plus cruelles tortures ; en vain on la frappa de deux cent trente coups de gros bâton, son calme ne se démentit pas un seul instant, et le juge, désespérant de la vaincre, l’envoya, le 2 de la dixième lune, au tribunal des crimes. Là, après six nouveaux interrogatoires, après avoir été remise six fois à la question, elle fut condamnée à mort. Renvoyée à la prison, elle s’occupait à prier et à servir les prisonniers, ne craignant pas de mendier au dehors des secours qui lui permissent de venir en aide à ces malheureux. Elle avait pris tellement à cœur ces œuvres de charité, qu’en partant pour l’exécution elle ne dit aux chrétiens que ces paroles : « Surtout, priez bien pour les pauvres et les affligés. » Elle fut décapitée, à l’âge de quarante-trois ans, le 24 de la onzième lune, et alla ainsi, par la même voie royale du martyre, rejoindre au ciel son père, sa mère et ses deux frères.

Mentionnons encore, parmi les confesseurs de cette époque, Pierre Ni Tsioun-hoa, natif du district de Hong-tsiou, qui fut alors saisi au district de Na-tsiou, province de Tsien-la, où il résidait depuis quelque temps. Il demeura ferme dans les supplices, et mourut dans la prison de cette ville, durant la onzième lune, à l’âge de trente-trois ans. Nous n’avons pas sur lui d’autres renseignements. Puis, la veuve Barbe Pak, sa belle-sœur, native du district de T’sieng-tsiou. Toujours fidèle à ses devoirs de chrétienne, d’épouse et de mère. Barbe vivait au district de Ko-san. Arrêtée et conduite dans la prison de cette ville, elle montra une force au-dessus de son sexe, et ne se laissa ébranler ni par les tortures, ni par la présence de ses trois jeunes enfants emprisonnés avec elle. Sortie victorieuse de ces diverses épreuves, elle attendait avec joie dans le cachot le moment de mourir pour Dieu, quand elle fut atteinte de la peste. Pour empêcher la contagion, on la transporta hors de la prison, dans une cabane de paille, où on l’abandonna seule avec ses petits enfants. Ceux-ci s’amusèrent à souffler le feu dans le vase de terre où quelques charbons étaient déposés, et la flamme se communiqua à la paille de la cabane, qui fut réduite en cendre au bout de quelques minutes. Tous y périrent à la fois. Barbe Pak avait vingt-huit ans, son fils aîné Vincent Ni, sept ans, le second André Ni, quatre ans, et sa fille Marie était encore à la mamelle. Quoique victime de cet accident fortuit. Barbe a certainement le droit d’être comptée au nombre des martyrs,