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pris avec son père et un de ses frères. En se rendant à Tsien-tsiou, il fit remarquer aux satellites que lui et son frère étant arrêtés, on pouvait bien relâcher leur père. Il fit tant d’instances que les satellites, touchés de sa piété filiale, mirent son père en liberté. Bientôt après une occasion favorable se présentant, son frère cadet l’engagea à prendre la fuite ; mais il refusa, disant qu’il fallait obéir à l’ordre de la Providence. Augustin Ni Tak-sim-i, du district de Hong-tsiou, avait, lui aussi, pour mieux observer sa religion, émigré au district de Hong-tam, où il fut bientôt dénoncé et pris.

Ces cinq chrétiens, après avoir montré beaucoup de courage dans les premiers interrogatoires, et avoir subi plusieurs fois la question devant les mandarins de leurs districts respectifs, s’étaient trouvés réunis à Tsien-tsiou. Au tribunal du gouverneur de la province, ils eurent à supporter des tortures bien plus terribles, et tous apostasièrent, les uns dès la première séance, les autres à la seconde ou à la troisième. On les remit provisoirement en prison. C’est là que la grâce de Dieu les attendait. Honteux de leur faiblesse, torturés par des remords de plus en plus vifs, ils s’encouragèrent mutuellement à réparer leur faute. Ils prièrent Dieu, longtemps et avec larmes, de leur pardonner, et prirent la résolution de profiter de la première occasion pour rétracter publiquement leur apostasie. Un mandarin spécial, envoyé pour terminer les affaires des chrétiens, les fit appeler, croyant qu’il ne s’agirait que d’une simple formalité pour les renvoyer libres. Quel ne fut pas son étonnement quand il les entendit se rétracter avec énergie, et manifester hautement leur regret d’avoir, par crainte des supplices, renié leur Dieu et Sauveur ! Furieux de les voir ainsi revenir sur leurs pas, il commanda de les frapper de soixante coups de la planche à voleurs. Il n’en fallait pas tant pour les faire mourir. Quatre d’entre eux restèrent sur la place ; et Pierre Nim, que l’on rapporta à la prison, expira quelques heures après. Il avait seulement vingt-sept ans. Paul Pak était âgé de quarante-trois ans, Augustin Nim de quarante-six, Jean Sin de cinquante-sept et son frère Ignace de quarante et un ans. C’était le 12 de la dixième lune.

Une ou deux semaines plus tard, dans cette même ville de Tsien-tsiou, Jacques Song In-ouen-i, qui avait toujours édifié les néophytes par sa vie exemplaire, les édifia plus encore par sa mort glorieuse. Jacques vivait au district de Mok-t’sien. Dès l’enfance, docile aux instructions de ses parents, il se donna tout entier aux exercices de piété, selon les forces de son âge. Plus tard il devint le modèle des chrétiens par son application à la