Page:Dallet - Histoire de l'Église de Corée, volume 2.djvu/190

Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

salut du prochain, ils ont mis en pratique cette parole du Seigneur Jésus-Christ, dans saint Jean (c. xi, v. 13) : Personne n’a un plus grand amour que de donner sa vie pour ses amis[1]. »

C’est dans ce sens que le souverain Pontife Pie IX a tranché la question, le 23 septembre 1857, en déclarant Vénérables Monseigneur Imbert et ses deux confrères.

La seconde invitation de leur évêque à peine reçue, les missionnaires se hâtèrent de terminer leurs lettres. Ils adressèrent au cardinal Fransoni, préfet de la Sacrée Congrégation de la Propagande, une courte relation de l’état de chrétienté, et de l’administration des sacrements. On y lit ces mots : « Nombre des chrétiens, environ dix mille ; baptêmes, douze cents ; confirmations, deux mille cinq cents ; confessions, quatre mille cinq cents ; communions, quatre mille ; mariages, cent cinquante ; extrêmes-onctions, soixante ; catéchumènes se préparant au baptême, six cents. — Aucun d’entre nous n’a pu éviter la persécution ; bien plus, vu la nécessité présente, notre pasteur et père le Vicaire apostolique, nous ayant invités à nous rendre en prison, nous allons nous constituer prisonniers aujourd’hui, 6 septembre 1839. Que la grâce de Dieu et la patience de notre Sauveur soient toujours avec nous ! »

Ils écrivirent aussi quelques lignes d’adieu à tous les membres de la Société des Missions étrangères.


« Corée, 6 septembre 1839.
« J. M. J.

« Messeigneurs, Messieurs et chers Confrères.

« La divine Providence qui nous avait conduits, à travers tant d’obstacles, dans cette mission, permet que la paix dont nous jouissions soit troublée par une cruelle persécution. Le tableau qu’en a tracé Mgr Imbert, avant son entrée en prison, et qui vous sera envoyé avec ces lettres, vous en fera connaître la cause, la suite et les effets.

« Aujourd’hui 6 septembre, est arrivé un second ordre de Monseigneur de nous présenter au martyre. Nous avons la consolation de partir après avoir célébré une dernière fois le saint Sacrifice. Qu’il est consolant de pouvoir dire avec saint Grégoire : Unum

  1. Belazione e voto dell Ill. e Rev. Andrea Maria Frattini, promotore della fede … sopra l’introduzione della causa de molli servi di Dio, morti nelle persecuzioni per la fede cattolica nella Corea, etc., p. 6 et 7. — Rome, 1857.