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tchuen. Il est âgé seulement de quarante-deux ans, et il a beaucoup de facilité pour apprendre les langues étrangères. Sa santé n’est pas fort robuste, ce qui serait très-désirable pour supporter les fatigues des voyages et autres incommodités ; cependant, dans ces dernières années, il se porte beaucoup mieux qu’auparavant, et il est persuadé que Dieu lui a donné une force plus grande pour qu’il aille en Corée. La vie active et les voyages paraissent mieux convenir à sa santé, que la vie sédentaire et l’application à l’étude. Prions Dieu qu’il daigne le conduire sain et sauf dans sa nouvelle mission. »

Mgr Imbert traversa heureusement toute la Chine, et vers la fin d’octobre arriva à Sivang, en Tartarie, où il séjourna quinze jours chez MM. les lazaristes français, dans la maison où, deux ans auparavant, Mgr Bruguière et M. Maubant avaient reçu une si fraternelle hospitalité. La neige, qui tomba en abondance après la fête de la Toussaint, fit juger que le chemin du désert, qu’avaient suivi ses prédécesseurs, serait trop dangereux ; et comme Sivang n’est qu’à quinze lieues au nord de la grande muraille, Mgr Imbert résolut de rentrer en Chine pour suivre la route impériale de Péking à Mouk-den, par laquelle d’ailleurs on abrégeait le voyage de trois ou quatre journées de marche.

« J’avais, écrit-il, fait acheter, pour trente taëls, trois forts chevaux tartares, qui ne sont ni beaux, ni lestes, mais sûrs et supportant bien la fatigue. Montés de la sorte, nous partîmes le 13 novembre de grand matin. Vers trois heures de l’après-midi, nous franchîmes de nouveau la grande muraille à un fort petit poste d’une route détournée où il n’y a que deux soldats ; et le soir nous couchâmes dans une ville chinoise, chez des chrétiens. Le 17, nous passâmes la seconde enceinte de la grande muraille par le défilé qui conduit à Péking. Dans ce défilé de cinq lieues de long, gorge affreuse et presque impraticable à cause des pierres dont elle est obstruée, se trouvent trois douanes de premier ordre. Pour éviter tout examen et toute contestation avec les officiers de ces postes, nous ne descendîmes pas de nos chevaux ; c’est le privilège des mandarins ou officiers publics. Nous avions des bonnets en peau de renard, comme en portent les officiers tartares ; ma barbe et ma prestance achevaient la parodie. Cet expédient nous réussit, et l’on se garda bien de nous interroger. Le 18 au soir, nous rejoignîmes la grande route impériale qui va à Mouk-den. Nous n’étions alors qu’à huit lieues nord-est de Péking. Vous dire la quantité de chameaux que nous rencontrâmes les trois derniers jours, serait