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plusieurs points importants, qu’ils lui laissaient à peine le temps de respirer. Aussitôt après l’arrivée de son confrère, il se retira, pour quelque temps, à Iang-keun, à quatorze ou quinze lieues de la capitale. Il y consacra quatre semaines à l’étude, et fit ensuite l’administration de la chrétienté de cette ville. M. Chastan demeura à la capitale, dans la maison d’un catéchiste, pour étudier les premiers éléments de la langue. Pendant deux mois, il travailla à apprendre par cœur un examen de conscience détaillé, après quoi il put faire en langue coréenne son premier essai du ministère, en entendant une centaine de confessions. Les deux missionnaires célébrèrent ensemble la fête de Pâques à Iang-keun ; ils se séparèrent ensuite, l’un se dirigeant vers le nord, et l’autre vers l’est, pour commencer l’administration des chrétientés des provinces.

Plusieurs causes rendirent cette administration très-pénible. Les chemins étaient longs et difficiles ; les chrétiens venaient en foule demander les sacrements, et il fallait les instruire sur la manière de préparer leurs longues confessions de vingt, trente ou quarante ans ; les misérables chaumières, qu’on transformait en chapelles à l’arrivée des missionnaires, étaient souvent très-insalubres ; enfin il fallait vivre dans une crainte continuelle d’être découverts et dénoncés par les païens. M. Maubant, déjà affaibli par les travaux excessifs de l’année précédente, contracta bientôt une maladie dangereuse. Il s’était rendu dans la partie méridionale du royaume, vers la mi-juillet, pour y continuer la visite des chrétiens. À peine arrivé, il fut saisi d’une fièvre si ardente, que les premiers accès le réduisirent à l’extrémité. Il put cependant se faire transporter à la capitale, où M. Chastan vint aussitôt le rejoindre. Tous les remèdes étaient inutiles, et l’état du malade paraissait désespéré ; M. Chastan lui administra les derniers sacrements. Lorsque la divine Eucharistie parut dans la chambre du missionnaire mourant, il sentit dans son âme comme une assurance de sa guérison prochaine. Dès ce moment, en effet, la fièvre diminua, et après une longue convalescence de trois mois, il se trouva parfaitement rétabli et put reprendre ses courses apostoliques.

Toutes les parties de la Corée où se trouvaient des chrétiens furent ainsi visitées par les missionnaires. Dans chaque endroit, ils établirent on complétèrent l’organisation des chrétientés, instituant ou confirmant des catéchistes, donnant des règles pour le baptême des enfants, les mariages, les sépultures, les réunions des dimanches et des jours de fêtes, le jugement des querelles