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la lourdeur de notre esprit, reste inefficace, et la grâce divine est entravée. Ceux qui dorment du sommeil de la vieillesse ou de la maladie, descendent au tombeau, emportés par le chagrin ; et nous, leurs survivants et successeurs, dans notre affliction, nous sommes fatigués de vivre ; la tristesse et l’angoisse oppressent de plus en plus nos cœurs. C’est pourquoi, au mépris de tous les périls, nous avons envoyé maintes requêtes à l’évêque de Péking, notre pasteur, qui, bien que touché de nos supplications, n’a pu nous donner des prêtres, pour ranimer et réchauffer nos âmes pécheresses par l’exercice du ministère de la religion. Hélas ! ces malheurs sont la peine de nos péchés, et c’est à nous-mêmes, non pas aux autres, que nous devons nous en prendre ; nous ne le savons que trop.

« Cependant les fidèles de notre royaume ne sont pas moins nombreux qu’au temps du prêtre Jacques ; les calamités qui nous pressent au dehors sont extrêmes, les besoins de nos âmes sont inexprimables, et des missionnaires de Macao nous peuvent être d’un singulier secours dans une si grande détresse. Mais il est absolument impossible de communiquer directement, librement et promptement avec notre royaume par la voie de terre. C’est pourquoi nous osons proposer humblement au Souverain Pontife deux choses qui nous semblent également nécessaires ; l’une ne peut se séparer de l’autre. Qu’un homme passe plusieurs jours sans manger, il est réduit à mourir d’inanition. Quand même il devrait obtenir de la nourriture dans un mois, pourra-t-il en profiter si quelques aliments ne viennent promptement soulager la faim qui le dévore ? D’un autre côté, si on ne lui doit fournir aucune nourriture le mois prochain, celle qu’il prendra aujourd’hui ne lui sera-t-elle pas inutile ? De même, l’envoi de prêtres serait certainement pour nous une grande faveur, et nous causerait une bien vive joie ; mais ce serait insuffisant, si l’on ne prend en même temps le moyen de subvenir d’une manière permanente à nos besoins, et d’assurer à nos enfants des secours spirituels pour l’avenir. Si nous devons toujours être abandonnés, ne vaudrait-il pas mieux qu’on n’eût jamais eu pitié de nos malheurs ?

« Pour arriver à un bon résultat, il faut d’abord envoyer des prêtres qui, après avoir pourvu aux nécessités les plus urgentes, iront à la rencontre du vaisseau que l’on devra expédier plus tard ; c’est le meilleur moyen d’obtenir le libre exercice de la religion. Les Coréens sont pour la plupart grossiers et timides, enclins à mépriser et à maltraiter ceux qu’ils voient plus grossiers et plus impuissants qu’eux. Mais ils sont grands amateurs de nouveautés,