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fidèles ; il s’enferma à la capitale, sans vouloir visiter aucune des chrétientés des provinces ; il abusa de son ministère pour battre monnaie, et sut s’enrichir au milieu de ses ouailles qui mouraient de faim ; il fit plus, il déshonora publiquement son sacerdoce par une odieuse immoralité. On peut imaginer le scandale épouvantable que causèrent de si honteux désordres.

M. Maubant fut bientôt instruit de tous ces faits. En vain il tenta les voies de la douceur et fit au coupable de paternelles remontrances. Celui-ci fut sourd à ses avis, et à la fin, M. Maubant, en vertu des pouvoirs qu’il tenait du Saint-Siège comme supérieur de la mission de Corée, fut forcé de lancer l’interdit. Le P. Yu voulut résister ; il essaya de se faire un parti parmi les néophytes, mais, grâce à Dieu, leur foi simple et naïve triompha de ses insinuations, ils se séparèrent de lui ; de sorte qu’abandonné de tous, il fut forcé, après bien des tergiversations, de reprendre la route de Chine pour retourner dans sa province natale du Chang-si. Terrible leçon, pour tous les chrétiens et spécialement pour les ouvriers apostoliques, de mettre en Dieu seul leur confiance, et de se défier toujours des tentations de la chair et du démon ! Cet infortuné, qui avait l’honneur de succéder au glorieux martyr Tsiou, qui vivait sur la terre des martyrs, qui pouvait lui-même espérer à chaque instant l’honneur de donner sa vie pour Jésus-Christ, ne sut, au milieu de tout cela, trouver que l’aveuglement, l’infidélité et le crime.