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Les examens qui ont lieu dans chacune des provinces, n’ont de valeur que pour les emplois subalternes des préfectures. Si l’on veut arriver plus haut, il faut, après avoir subi cette première épreuve, venir passer un autre examen à la capitale. On ne demande aucun certificat d’étude ; chacun étudie où il veut, comme il veut, et sous le maître qui lui plaît. Les examens se font au nom du gouvernement, et les examinateurs sont désignés par le ministre, soit pour les examens littéraires proprement dits qui ouvrent la porte des emplois civils, soit pour les examens militaires.

Voici comment les choses se passent habituellement. À l’époque fixée, une fois par an, tous les étudiants des provinces se mettent en route pour la capitale. Ceux de la même ville ou du même district voyagent ensemble, presque toujours à pied, par bandes plus ou moins nombreuses. Comme ils sont soi-disant convoqués par le roi, leur insolence n’a pas de bornes ; ils commettent impunément toutes sortes d’excès, et traitent les aubergistes des villages en peuple conquis, à ce point que leur passage est redouté autant que celui des mandarins et des satellites. Arrivés à la capitale, ils se dispersent, et chacun loge où il peut. Quand vient le jour du concours, le premier point est de s’installer dans le local désigné, lequel est assez étroit et aussi mal disposé que possible. En conséquence, dès la veille, chaque candidat fait quelques provisions, amène avec lui un ou deux domestiques s’il en a, et se hâte de prendre place. On peut imaginer l’effroyable cohue qui résulte, pendant la nuit, de la présence de plusieurs milliers de jeunes gens dans cet espace resserré et malpropre. Quelques travailleurs opiniâtres continuent, dit-on, à étudier et à préparer leurs réponses ; d’autres essayent de dormir ; le plus grand nombre mangent, boivent, fument, chantent, crient, gesticulent, se bousculent, et font un tapage abominable.

Le concours terminé, ceux qui ont obtenu des grades revêtent l’uniforme convenable à leur nouveau titre, puis, à cheval, accompagnés de musiciens, vont faire les visites d’étiquette aux principaux dignitaires de l’État, à leurs protecteurs, aux examinateurs, etc… Cette première cérémonie terminée, en vient une autre qui, sans être prescrite par la loi, est néanmoins absolument nécessaire, si l’on veut se faire reconnaître par la noblesse, et, plus tard, être présenté aux charges publiques. C’est une espèce d’initiation ridicule qui rappelle les scènes grotesques du baptême de la ligne, et dont on trouve l’analogue, même aujour-