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l’Angelus ; puis, bientôt, levant les yeux au ciel, il s’agenouilla et rendit l’âme à Dieu, si tranquillement que ceux qui étaient près de lui ne s’aperçurent pas de son dernier soupir. C’était à la huitième lune de l’année sie-mio (septembre 1831). Un an s’était à peine écoulé depuis la conversion de Paul, et il n’était âgé que de trente-six ans. On rapporte qu’après sa mort, ses parents ayant voulu faire les sacrifices d’usage, l’autel dressé à cet effet s’écroula de lui-même.

Les chrétiens de Corée comptent Paul au nombre de leurs plus glorieux martyrs, et Dieu sans doute aura ratifié leur jugement. La conduite de Paul fut admirable, surtout pour un Coréen. N’oublions pas que, plusieurs fois déjà, nous avons vu des confesseurs, après avoir bravé les mandarins et vaincu les supplices, succomber misérablement aux assauts de la tendresse naturelle pour les parents. Ce sentiment de piété filiale, si saint en lui-même, est tout-puissant dans ce pays, au point de faire souvent oublier, même à des chrétiens, que la loi de Dieu prime toute autre loi, et que son amour doit primer tout autre amour. Honneur donc à Paul pour avoir, en de telles circonstances, gardé sa foi avec tant d’héroïsme !


En 1832, Dieu voulut de nouveau châtier l’orgueil de cette nation coréenne qui continuait à repousser les vérités évangéliques, si éloquemment prêchées par la voix des martyrs devant ses tribunaux, et par leur sang sur les places publiques. Il permit que des pluies continuelles et, par suite, des inondations extraordinaires vinssent ravager le pays, et faire disparaître à l’avance presque tout espoir de récolte. Or, il a toujours été d’usage en Corée qu’au milieu des grandes calamités publiques, le roi répande largement ses faveurs, en amnistiant des coupables et graciant des condamnés, afin d’attirer par ces actes de clémence les regards bienveillants du ciel. La grâce accordée alors par le roi paraît avoir été des plus étendues. Les nombreux chrétiens exilés pendant les précédentes persécutions furent presque tous relâchés, et revinrent prendre place dans les diverses chrétientés.

Malheureusement la faveur royale n’était pas gratuite. L’usage observé ordinairement en pareil cas est de rendre la liberté au coupable après seulement qu’il a de nouveau détesté son crime, et par conséquent, lorsqu’il s’agit de chrétiens, après une nouvelle apostasie de leur foi. Il n’est que trop probable que tous les exilés, alors rappelés, achetèrent leur délivrance à ce prix honteux. Quelques-uns cependant refusèrent. Ainsi, Protais Hong qui