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que de ses exercices de piété et de l’accomplissement de ses devoirs.

Bientôt il retourna à la maison paternelle, instruisit son frère, et peu après fit voir à son père des livres de religion. Celui-ci se rendit d’abord et reconnut la vérité du christianisme, mais ayant ensuite étudié plus attentivement les conséquences de ses dogmes, il entra dans une grande colère, et prononça ces paroles qui résument bien l’idolâtrie coréenne, et les principales superstitions qui, dans ce pays, font obstacle à l’Évangile : « Si l’on suit cette nouvelle religion, les temples du génie protecteur du royaume, les temples des ancêtres du roi, les temples de Confucius et des grands hommes, les tablettes des ancêtres et tous les sacrifices deviennent inutiles et doivent disparaître. Je comprends maintenant combien le roi a eu raison de l’interdire sévèrement, et de punir ses sectateurs. » Puis il réprimanda son fils très-fortement, lui ordonna de rompre sur-le-champ avec les chrétiens et de brûler tous ses livres, et ne cessa plus de le maltraiter pour l’empêcher de pratiquer sa foi. Le frère de Paul, homme violent et brutal, s’emporta plusieurs fois jusqu’à le frapper avec un bâton. Mais notre courageux néophyte, affermi par la grâce qu’il avait reçue le jour de son baptême, opposa une résistance inflexible.

Cependant, comme il était d’une constitution naturellement très-délicate, il craignit de succomber à ces mauvais traitements répétés. C’est pourquoi il quitta secrètement sa maison, et alla se cacher chez de pauvres chrétiens, où il passa quelques mois dans un dénûment absolu, et au milieu de privations difficiles à décrire. Il s’était choisi une place qu’il ne quittait jamais. Là, assis sur ses talons, il se livrait à la prière, à la lecture, à la méditation, passait ainsi tout le jour et une partie de la nuit, et, au chant du coq, faisait semblant de prendre quelque repos. De plus, il jeûnait régulièrement les vendredis et samedis ; de sorte que les chrétiens se disaient entre eux que Paul était comme un homme n’ayant pas de corps. Pendant les grandes chaleurs de l’été, il ne changea rien à ce régime, et on ne le vit pas une seule fois sortir de sa chambre pour prendre l’air. Malgré cela, il se portait très-bien, et on ne voyait sur son visage aucune trace de fatigue, ce que chacun attribua à un miracle de la Providence.

Le père de Paul voyant qu’il ne revenait pas après plusieurs mois, se douta qu’il était quelque part chez des chrétiens, et se disposa à en accuser quelques-uns devant le mandarin, afin de