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et de Marie, pourraient-ils m’abandonner ? Remerciez Dieu pour tous ses bienfaits.

« Ma sœur, comment vous trouvez-vous ? En un frère tel que je suis, vous n’avez pu vraiment rencontrer aucune marque de fraternité ! Voici maintenant que je vous quitte pour toujours. Je ne dois plus vous revoir en ce monde. Faites donc en sorte, par la pratique de la vertu, et l’acquisition de nombreux mérites, que nous puissions nous réjouir ensemble éternellement devant Dieu. Pour moi, je ne pourrai plus remplir mes devoirs de fils envers ma mère, non plus que ceux de frère envers vous ; du moins par l’union de nos cœurs, de nos prières et de nos efforts, faites que nous nous rencontrions dans les joies de l’éternité.

« Cher frère, que vous dirai-je ? Bon et vertueux comme vous êtes, combien vous allez avoir le cœur affligé à l’occasion d’un frère inutile ! Je vous recommande vivement de songer par-dessus tout au salut de votre âme. Ne considérez pas comme long ce temps qui passe aussi vite que l’étincelle jaillie du caillou. Ayez de ma mère, pendant ses dernières années, le plus grand soin possible ; et si toute la famille, mère, frères et sœurs peuvent, réunis dans l’éternité, chanter les bienfaits de notre Père commun, quelle gloire ne sera-ce pas ? Puisque Dieu daigne bien accorder une si grande faveur à un pécheur et à un méchant comme moi, vous, mon frère, naturellement bon et droit, pour peu que vous fassiez d’efforts, vous ne serez pas rejeté. Travaillez donc assidûment, et tâchez de mériter la grâce d’une bonne mort. Vraiment je suis tout honteux, je n’ai jamais été pour vous qu’une cause de soucis. Après ma mort, ma femme et mes deux enfants n’ont plus aucun appui, et à qui puis-je les recommander, si ce n’est à vous ? Ayant déjà tant de charges, comment pourrez-vous y suffire ? Quelle misère ! j’en ai le cœur tout serré.

« Ma belle-sœur aînée, comment allez-vous ? Vous qui m’avez élevé, et si souvent porté dans vos bras, qui jusqu’ici étiez toujours si inquiète à mon égard, et si touchée de ma position, quand vous apprendrez cette nouvelle, combien votre cœur ne sera-t-il pas brisé ? Toutefois remerciez Dieu de ses bienfaits. Dans sa bonté sans mesure, il veut bien accorder à votre misérable frère la grâce de suivre de loin Jésus sur le chemin de la croix. Mon frère et ma sœur martyrs m’ont obtenu le bonheur de marcher sur leurs traces ; je vous le répète, rendez grâces à Dieu. J’ai une faveur à vous demander, veuillez ne pas rejeter mes dernières paroles. Mon fils ne semble pas un enfant dont on ne puisse absolument rien faire. Veuillez l’adopter entièrement,