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son père était détenu. On lui demanda s’il était chrétien, et sur sa réponse affirmative, il lut sommé d’apostasier et de dénoncer ses complices. Il refusa, tut mis à de violentes tortures qu’il supporta avec intrépidité, lassa par sa patience la fureur de ses juges, et fut jeté dans un cachot séparé de celui de son père. Quand celui-ci fut conduit au supplice, le mandarin permit à Augustin de le voir, et après l’exécution lui remit le corps, avec permission d’aller l’enterrer. Augustin après avoir donné la sépulture à son père, profita de l’occasion pour s’enfuir, et afin de se dérober aux recherches, il fit pendant un an le métier de matelot, il se cacha ensuite pendant quatre ou cinq ans au district de Kong-tsiou. La persécution étant apaisée, il alla s’établir à Kang-moun-i, district de Mien-t’sien, gagnant sa vie par des travaux de menuiserie dans lesquels il excellait, et copiant des livres religieux pour l’usage des chrétiens. Il se fit toujours remarquer par une grande ferveur dans l’accomplissement de ses devoirs. Il fut repris, on ne sait à quelle occasion, en l’année eul-iou (1825), et conduit au tribunal de Haï-mi, où on lui fit subir de cruelles tortures. Soutenu par l’exemple de son père et fidèle à ses propres antécédents, il les supporta avec un grand courage. On assure qu’il fut alors condamné à mort ; mais le fait paraît peu probable. Dans sa prison, il conquit bientôt l’estime et la confiance de tous, et obtint, après deux ou trois ans, la permission de retourner chez lui, à la charge de se présenter le 1er et le 15 de chaque mois devant le mandarin. Il mourut paisiblement à l’âge de soixante-trois ans, le 26 de la sixième lune de l’année kei-t’siouk (1829).

Dans cette même prison de Haï-mi se trouvait la veuve Barbe Ha, dont la mémoire est restée en vénération parmi les chrétiens. Née de parents païens au district de Tong-t’sin, elle fut mariée dans celui de Mien-t’sien, et son caractère doux et complaisant engagea un des parents de son mari, à lui faire connaître la religion. Elle l’embrassa avec joie, et se lit bientôt remarquer par ses vertus et sa fervente piété. Devenue veuve, elle s’occupa d’instruire et d’exhorter les filles et les femmes chrétiennes, et n’ayant plus d’autre but que le service de Dieu, parcourut dans tous les sens les différents districts de la plaine de Nai-po, exerçant son ministère de charité et convertissant aussi beaucoup de païennes. Son zèle et son activité à remplir cette fonction de catéchiste, l’ont rendue particulièrement chère aux chrétiens de cette province, dont un grand nombre lui doivent la connaissance de la religion. Dieu, pour récompenser sa foi et ses travaux,