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dragon. Pour la découvrir, les géoscopes se servent d’une boussole entourée de plusieurs cercles concentriques, où sont gravés les noms des quatre points cardinaux, et des cinq éléments reconnus par les Chinois : air, feu, eau, bois et terre. Chacun de ces devins fait ensuite son rapport, et après des délibérations sans fin, sur un point aussi grave, le roi et ses ministres prennent une décision. On organise toute une armée pour former le cortège qui portera le corps du défunt. Pour cela, chaque famille noble de la capitale fournit un ou plusieurs esclaves et les habille selon l’uniforme voulu. Dans le principe, cet usage très-onéreux n’était qu’une marque de respect volontairement offerte ; aujourd’hui, c’est une obligation à laquelle nul ne peut se soustraire. Certaines corporations de marchands fournissent aussi un nombre d’hommes déterminé, et on recrute ce qui manque parmi les valets des divers établissements publics. Tous ceux qui doivent porter le corps étant ainsi réunis, on les divise en compagnies ayant chacune leur numéro et leur bannière, et on les fait exercer, pendant le temps voulu, pour que la cérémonie s’exécute dans le plus grand ordre.

Le jour de l’enterrement étant enfin arrivé, on place le corps du défunt dans son cercueil sur un énorme brancard magnifiquement orné, et chaque compagnie se relève pour le porter en pompe, jusque sur la montagne choisie pour lieu de sépulture. Toutes les troupes sont convoquées, tous les grands dignitaires en costume de deuil accompagnent le roi qui, presque toujours, préside en personne à la cérémonie. On enterre le corps suivant les rites prescrits, et on offre les sacrifices d’usage, au milieu des cris, des pleurs, des hurlements d’une foule innombrable.

Quelques mois plus tard, un monument s’élève sur la tombe, et tout auprès, on bâtit un hôtel pour loger les mandarins chargés de garder la sépulture, et d’offrir, à certaines époques, les sacrifices moins solennels. Tout le pays environnant, quelquefois jusqu’à trois ou quatre lieues de distance, dépend désormais du tombeau royal, et toute autre inhumation y est interdite. On fait même exhumer les corps qui ont été auparavant enterrés dans cet espace, ou, si personne ne se présente pour les réclamer, on rase le petit tertre qui est sur les tombes afin d’en faire disparaître la trace et le souvenir.

Chaque roi étant enterré à part, les sépultures royales sont assez nombreuses dans le pays. Les nobles préposés à leur garde sont ordinairement de jeunes licenciés qui se destinent aux fonctions publiques. C’est pour eux le premier pas dans la car-