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nouveau, à haute voix, son apostasie. Le mandarin, irrité, la fit lier et battre d’une manière si atroce que, les chairs tombant en lambeaux, tous les os furent bientôt mis à nu. Agathe ayant perdu connaissance, fut transportée à la prison et mourut en y entrant. C’était au commencement de la cinquième lune. Elle avait près de cinquante ans.

Interrogé à son tour, André répondit avec calme et fermeté. En vain le mandarin le fit mettre à la question et fustiger cruellement, la constance du martyr ne se démentit pas, et le juge, voyant qu’il y perdait son temps et sa peine, envoya une dépêche au gouvernement. La réponse fut qu’il fallait, à tout prix, obtenir sa soumission, et sur son refus, on le fustigea pour la troisième fois. Toujours inébranlable, il fut enfin condamné à mort, et prit la place d’Agathe à qui ses paroles venaient de faire cueillir la palme ; ainsi fut complété de nouveau le nombre primitif de sept. Ces généreux confesseurs, tous sous le poids d’une sentence capitale, attendaient chaque jour le moment de leur exécution. Mais Dieu, dans ses secrets desseins, permit qu’il y eût, nous ne savons à quelle occasion, un sursis indéfini, et ils commencèrent dès lors, dans la prison, un nouveau genre de vie. On ne les mit plus à la torture puisque leur sentence était définitive, mais ils eurent à supporter en échange les privations, la faim, et des vexations de tout genre. Pendant près de deux ans encore, nous les admirerons dans cette vie mourante, dans ce long martyre de tous les jours.


Les arrestations en masse ne semblent pas s’être renouvelées après la cinquième lune de cette année. La plupart avaient eu lieu dans la grande province de Kieng-siang, premier foyer de l’incendie, mais les dénonciations arrachées par les supplices aux malheureux chrétiens furent cause qu’on saisit aussi beaucoup de personnes dans la province de T’siong-t’sieng, et quelques-unes même dans la province de Kang-ouen. Si maintenant nous considérons que, outre les chrétiens relâchés presque immédiatement par suite d’apostasie, ou morts dans les diverses prisons de la province de Kieng-siang, il y en eut à la fois plus de cent incarcérés à Tai-kou sa métropole, il sera facile de conclure que le nombre des arrestations porté à plus de deux cents par les documents de l’époque, est loin d’être exagéré. Les lettres qu’André Kim écrivit de sa prison, ainsi qu’une autre relation d’un témoin oculaire, nous donnent l’assurance bien consolante qu’une grande partie des prisonniers resta fidèle à Jésus-Christ jusqu’à la mort. Plusieurs d’entre eux sont signalés aussi comme ayant fait avec