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généreusement les satellites et le traître lui-même, fit ses adieux à sa mère en la suppliant de ne pas trop s’affliger et la consolant par de bonnes et douces paroles. Ensuite, s’adressant à sa femme, il lui recommanda d’être bien soumise à sa mère et de la bien soigner, de bien instruire ses enfants, et enfin de marcher sur ses traces. Après quoi, il suivit les satellites d’un air gai et souriant, Arrivé à la ville d’An-tong, il y subit un premier interrogatoire, et peu de jours après, tut conduit à Tai-kou. Sa courageuse persévérance dans les supplices déconcerta les juges, et il fut bientôt condamné à mort.

Jacques Kim Hoa-tsioun-i, sur lequel il nous reste peu de documents, était d’une famille de Souta-ni, district de Tsieng-iang. D’un caractère doux et résigné, il savait cependant montrer une grande énergie quand il s’agissait du service de Dieu et du salut de son âme, et, fidèle observateur des règles de l’Église, se faisait remarquer par son assiduité à la prière et aux lectures pieuses. Arrêté, on ne sait en quel lieu, en 1815, il fut conduit à la préfecture d’An-tong, où résistant à toutes les sollicitations et à toutes les promesses des mandarins, aussi bien qu’aux violents supplices qu’on lui infligea, il mérita d’être envoyé à Tai-kou, et comdamné à mort.

Enfin, André Kim Kiei-ouen-i, nommé aussi Tsiong-han-i, était du village de Sol-moi, au district de Mien-t’sien, et fils de Pie Kim, dont nous avons raconté la vie. Docile aux instructions de ses parents, il apprit, dès l’enfance, à servir et honorer Dieu. Les persécutions continuelles auxquelles son père fut en butte pendant plus de vingt ans, formèrent son jeune cœur à l’école du malheur, et le détachant de tout ce qu’il y a de séduisant dans le monde, fortifièrent sa foi, développèrent les germes de vertu qu’il avait reçus du ciel, et le préparèrent aux dures épreuves qui lui étaient réservées. André dont la famille était ainsi poursuivie et proscrite, se vit bientôt obligé de quitter ses parents, ses amis, et les tombeaux de ses pères. Il alla donc s’établir dans un pays inconnu, tout au fond des montagnes, à Ou-lien-pat, district d’An-tong, province de Kieng-siang. Là, il resta caché pendant dix-sept ans, uniquement adonné aux œuvres de charité, assidu à la prière, aux lectures pieuses et, à tous ses devoirs. En carême, il jeûnait habituellement tous les jours, sans parler des autres mortifications ordinaires qu’il s’imposait. Sa nourriture habituelle était du millet cuit assaisonné de sel, et quand il ne pouvait s’en procurer, il se contentait de feuilles d’arbres, de glands, de racines ou légumes sauvages, sans jamais se donner la peine de rechercher