Page:Dallet - Histoire de l'Église de Corée, volume 1.djvu/478

Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.


Lettre des chrétiens de Corée au souverain Pontife.

« François et les autres chrétiens de Corée prosternés en terre, nous frappant la poitrine, offrons cette lettre au Chef de toute l’Église, père très-haut et très-grand.

« C’est avec la plus grande instance, la plus vive ardeur que nous supplions Votre Sainteté d’avoir compassion de nous, de nous donner des preuves de la miséricorde qui remplit son cœur, et de nous accorder le plus promptement possible les bienfaits de la rédemption. Nous habitons un petit royaume, et avons eu le bonheur de recevoir la sainte doctrine, d’abord par les livres, et dix ans plus tard, par la prédication et la participation aux sept Sacrements. Sept ans après, il s’éleva une persécution, le missionnaire qui nous était arrivé fut mis à mort avec un grand nombre de chrétiens, et tous les autres, accablés d’affliction et de crainte, se sont dispersés peu à peu. Ils ne peuvent se réunir pour les exercices de religion, chacun se cache. Il ne nous reste d’espérance que dans la très-grande miséricorde divine, et la grande compassion de Votre Sainteté, qui voudra bien nous secourir et nous délivrer sans retard ; c’est l’objet de nos prières et de nos gémissements. Depuis dix ans, nous sommes accablés de peines et d’afflictions ; beaucoup sont morts de vieillesse ou de diverses maladies, nous n’en savons pas le nombre ; ceux qui restent ignorent quand ils pourront recevoir la sainte instruction. Ils désirent cette grâce, comme dans une soif brillante on désire de quoi se désaltérer ; ils l’appellent, comme dans un temps de sécheresse, on appelle la pluie. Mais le ciel est très-élevé, on ne peut l’atteindre ; la mer est très-vaste, et il n’y a pas de pont au moyen duquel nous puissions aller chercher du secours. Nous avons lu quelque chose des livres saints. La sainte religion a été prêchée dans tout le monde ; il n’y a que dans notre royaume oriental, qu’elle ait été annoncée sans missionnaire et seulement par les livres. Cependant plusieurs centaines de martyrs ont donné leur vie pour Dieu, avant et après l’arrivée du missionnaire, et les convertis, actuellement existants, ne sont pas moins de dix mille.

« Nous, pauvres pécheurs, ne pouvons exprimer à Votre Sainteté avec quelle sincérité, avec quelle ardeur nous désirons recevoir son assistance. Mais notre royaume est petit, éloigné, situé dans un coin de la mer, il ne vient ni vaisseaux ni voitures au moyen desquels nous puissions recevoir vos instructions et vos ordres, et quelle est la cause d’une telle privation, sinon notre