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Quand la religion chrétienne fut introduite en Corée à la fin du siècle dernier, la plupart des nobles qui se convertirent d’abord étaient des Si, et appartenaient au parti Nam-in ; il n’en fallut pas davantage pour ameuter contre elle les Piek et les No-ron, et nous verrons dans cette histoire, que ces haines politiques furent pour beaucoup dans les premières persécutions. Le parti Nam-in, extrêmement puissant jusqu’en 1801, ne put soutenir le choc ; il fut totalement renversé, la plupart de ses chefs périrent, et aujourd’hui les No-ron, en pleine possession du pouvoir, n’ont plus à redouter de compétiteurs sérieux. Les Sio-ron, parti nombreux mais souple et complaisant, obtiennent un assez grand nombre de dignités. On en accorde quelques-unes, mais avec réserve, aux Nam-in et aux Sio-pouk. Ces derniers, du reste, sont en petit nombre et n’ont point d’influence dans le pays.

Voici comment une caricature coréenne représente cet état de choses. Le No-ron richement vêtu est assis à une table somptueusement servie, et savoure à son aise les meilleurs morceaux. Le Sio-ron assis à côté, mais un peu en arrière, fait gracieusement l’office de serviteur, et pour prix de son obséquiosité reçoit une partie des mets. Le Sio-pouk, sachant que le festin n’est pas pour lui, est assis beaucoup plus loin d’un air grave et calme ; il aura quelques restes quand les autres seront rassasiés. Enfin le Nam-in, couvert de haillons, se tient debout derrière le No-ron dont il n’est pas aperçu ; il se dépite, grince des dents, et montre le poing, comme un homme qui se promet une vengeance éclatante. Cette caricature, publiée il y a vingt ou trente ans, donne une idée très-exacte de la position respective des partis à l’époque actuelle.