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et tous doivent se tenir cachés, et laisser croire qu’ils sont entièrement anéantis. C’est le seul moyen de conserver ici les restes de la chrétienté. Les uns se sont faits marchands ambulants, les autres, forcés d’émigrer, se trouvent sur les routes ; nous demandons dispense des jeûnes et abstinences pour tous ceux qui sont en voyage.

« An de Jésus-Christ 1801, 29 octobre, le lendemain de la fête des apôtres saint Simon et saint Jude, nous pécheurs Thomas et autres, vous saluons de nouveau en envoyant ces détails. »

Cette lettre était écrite sur une pièce de soie, avec de l’encre sympathique, qu’on ne pouvait lire sans connaître le secret. Thomas Hoang voulut s’adjoindre, pour la porter à Péking, un chrétien de la province de P’ieng-an, nommé Ok Tsien-hei, qui avait, lui aussi, fait le voyage de Chine plusieurs fois pour les lettres et commissions du P. Tsiou. Il y avait encore été pendant l’hiver de 1800 à 1801, et ayant appris, à son retour, que la persécution venait d’éclater avec violence, était retourné de suite à Pien-men, sur la frontière chinoise, pour tâcher d’informer les chrétiens de Chine du véritable état des choses.

Thomas réussit à trouver Ok Tsien-hei, l’amena à Alexandre pour se concerter avec lui, et tous deux promirent de partir à la fin de l’année, avec l’ambassade annuelle, pour remettre la lettre entre les mains de l’évêque de Péking. Mais la Providence en avait décidé autrement, et la lettre ne devait pas arriver à sa destination. Elle était datée du 27 octobre ; le 2 novembre, Thomas Hoang fut arrêté.

Effrayé outre mesure de se voir en prison, s’imaginant que, lui saisi, aucun chrétien ne pouvait échapper, espérant peut-être, par des aveux, faire cesser la persécution, il découvrit le lieu ou Alexandre était caché. Nombre de chrétiens prétendent qu’il avait reçu d’Alexandre lui-même l’ordre de le dénoncer, si les choses en venaient à l’extrémité. Les satellites arrivés en toute hâte à Pai-ron, ne pouvaient trouver celui qu’ils cherchaient ; enfin le bruit sourd que rendaient les grands vases de terre, quand on marcha sur la cave, attira leurs soupçons et il fut rencontré. Alexandre les vit arrivera lui sans s’effrayer. Il ordonna de ne pas toucher la main que le roi avait jadis serrée, et où se trouvait le cordon signe de la faveur royale, et cet ordre fut respecté. On le conduisit, chargé de fers, à la capitale, et la fameuse lettre fut trouvée sur lui, roulée dans ses vêtements. Nous ignorons comment les juges purent en prendre lecture. Une tradition rapporte qu’un chrétien, menacé de mort, s’offrit à en