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« J’ai vu le compliment du roi : je le sais. Que la cour à qui il appartient le sache : les termes de ce placet ne sont pas convenables ; on y manque au respect. J’ordonne qu’on examine et qu’on m’avertisse. »

Sur cet ordre, le li-pou ou cour des rites condamna le roi de Corée à une amende de dix mille onces chinoises d’argent, et à être privé pendant trois ans des présents que lui fait l’empereur en échange du tribut annuel[1].

Les pièces que l’on vient de lire, et d’autres analogues que l’on verra dans cette histoire, montrent que la suzeraineté de la Chine sur la Corée est très-réelle. On comprend que suivant les circonstances, suivant le caractère respectif des souverains de chaque pays, les liens de subordination sont plus ou moins resserrés ou relâchés, mais ils existent toujours.

Au reste, les empereurs chinois, en habiles politiques, ménagent les ressources et les susceptibilités du gouvernement coréen. Ils reçoivent les tributs mentionnés plus haut, mais ils font en échange des présents annuels aux ambassadeurs coréens et aux gens de leur suite ; ils envoient à chaque nouveau roi un manteau royal et des ornements de prix. De même, ils ont le droit de demander à la Corée des subventions en vivres, munitions et soldats, mais ils n’en usent presque jamais, et surtout, quoiqu’ils le puissent à la rigueur d’après la lettre des traités, ils ne se mêlent en rien de l’administration intérieure du royaume. La dynastie des Ouang (mongole) intervint autrefois à diverses reprises, pour faire ou défaire les rois de Corée, et à cause de cela son souvenir est exécré dans le pays. Les Ming, plus sages, traitèrent les Coréens en alliés, plutôt qu’en vassaux ; ils envoyèrent une armée au secours du roi de Corée lors de la grande invasion japonaise, et aujourd’hui encore l’affection et la reconnaissance du peuple coréen leur est acquise, à ce point que l’on conserve précieusement divers usages contemporains de cette dynastie, quoiqu’ils aient été abolis en Chine par les empereurs mandchoux. Ces derniers ne sont pas aimés en Corée, et sur les registres des particuliers, on ne date point les événements des années de leur règne. Néanmoins, leur joug n’est pas très-lourd, et la pensée de le secouer ne vient à la tête de personne. On croit généralement en Corée, qu’un des articles du traité de 1637 prévoit le cas où les Mandchoux, perdant la Chine,

  1. Duhalde, Description de l’empire de la Chine, t. III.