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gence, tout le monde dit que cela vient des doctrines européennes, il doit y avoir quelque chose de bien grand, de bien extraordinaire dans cette religion. » En conséquence, il se mit à fréquenter des chrétiens, et après avoir examiné, discuté et approfondi leur doctrine pendant deux ans, il se sentit convaincu, crut fermement, et se donna de tout cœur à la pratique fidèle de tous les devoirs que la religion impose.

Sa mère, instruite et exhortée par lui, embrassa aussi le christianisme, mais sa femme, d’un caractère étroit, raide et ambitieux, qui avait toujours convoité les honneurs pour son mari, voyant tout à coup ses espérances déçues, se laissa emporter à la colère et ne lui épargna ni les reproches, ni les injures. Paik-sioun-i ne faisait point mystère de sa conversion. Un de ses parents l’interrogeant un jour sur la religion, il répondit à haute voix : « C’est la vraie doctrine ; c’est une grande doctrine ; tout homme est tenu de la suivre ; faites comme moi. » Un autre jour, son oncle maternel venant le trouver, chercha à le séduire par toutes sortes de moyens, et ne pouvant parvenir à s’en faire écouter, finit par lui dire : « Si tu ne te rends pas à mes paroles, je romprai avec toi. » Paik-sioun-i répondit avec calme : « Dussé-je rompre avec mon oncle, je ne puis rompre avec mon Dieu. » Dès lors, ses amis se concertèrent pour ne plus avoir de rapports avec lui, et ses parents prirent la résolution de le chasser de la famille. Notre courageux néophyte vit tout cela d’un œil indifférent, et se contenta de dire : « Depuis que j’ai connu Dieu, mon cœur ne s’émeut de rien ; il est comme une montagne. »

Au printemps de 1801, dénoncé par un apostat, il fut jeté en prison. Les détails de ses interrogatoires ne nous sont pas parvenus. S’il faut en croire sa sentence, les supplices lui auraient arraché, un instant, quelques paroles de faiblesse. Mais bientôt il les rétracta hautement, et jusqu’à la fin montra un courage et une fermeté rares. Il fut condamné à mort et exécuté en même temps que son cousin Josaphat, à l’âge de trente-deux ans. On ne voit pas qu’il ait été baptisé en prison ; c’est donc le baptême de sang qui le fit chrétien et lui donna entrée dans l’Église triomphante.

Nous devons mentionner encore Kim Ni-paik-i, parent lui aussi de Josaphat, mais d’une branche bâtarde. Sa sentence se trouve jointe à celle de ce dernier, et il dut mourir avec lui. Cependant, comme il n’est pas parlé de religion dans cet acte, et que d’ailleurs aucun autre document ne le signale comme chrétien, nous n’osons, malgré toutes les probabilités, lui donner le titre de martyr.