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la sagesse de Dieu a toujours été et sera toujours folie aux nations.

Quatre chrétiens du district de Koang-tsiou, dénoncés par des apostats, avaient été saisis à la même époque. C’étaient : Pak T’sioung-hoan-i ; Pak Ioun-hoan-i, frère aîné du précédent ; Sim Io san, le frère de la vierge martyre Barbe Sim, et Tso Tsai-tso. Après avoir été plusieurs fois interrogés et mis à la question par leur propre mandarin, ils furent, comme les autres chrétiens, expédiés à la capitale. Mais, quoiqu’ils fussent restés également fermes dans les tortures, le premier seul eut la tête tranchée ; les trois autres, pour des raisons qui nous sont restées inconnues, furent exilés séparément dans les provinces les plus reculées du royaume. Une tradition dit qu’une grande sécheresse étant survenue alors, le peuple murmura contre la cruauté de la régente, l’accusant de provoquer le courroux du ciel par tant de sang versé. La régente effrayée aurait commué la sentence de mort, quelques heures seulement avant qu’elle ne fût exécutée. Mais cette explication est inadmissible, car, après comme avant le procès de ces quatre chrétiens, la persécution continua avec la même fureur. Quoiqu’il en soit, Pak T’sioung-hoan-i, plus heureux que ses trois compagnons, fut décapité le 18 de la quatrième lune, à l’âge de trente-trois ans.

Le lendemain 19, ce fut le tour du P. Tsiou, dont nous devons reprendre l’histoire d’un peu plus haut.


Depuis l’entrée du prêtre en Corée, la police n’avait cessé de faire des perquisitions pour découvrir le lieu de sa retraite. On peut imaginer combien, après l’édit de persécution lancé par la régente, ces recherches devinrent plus actives. L’enfer semblait avoir révélé aux ennemis du christianisme cette parole de la sainte Écriture : «Je frapperai le pasteur et les brebis seront dispersées, » tant ils mettaient d’acharnement à se saisir de l’unique pasteur des néophytes coréens. Aussi, voyant que sa position n’était plus tenable, que tous les jours on multipliait les tortures pour le faire dénoncer par les chrétiens, le P. Tsiou prit la résolution de retourner momentanément en Chine, afin de laisser passer l’orage, espérant que, son départ une fois connu, la persécution cesserait, ou au moins diminuerait de violence. Nous ignorons à quel moment il se mit en route, mais il paraît certain qu’il alla jusqu’à la ville de Ei-tsiou, sur la rive du fleuve qui sépare la Corée de la Chine, vis-à-vis de Pien-men. Arrivé là, par une inspiration secrète de la grâce divine, il abandonna son projet, et reprit le chemin de la capitale.