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bâti alors en l’honneur du général mandchou qui commandait l’expédition, et le peuple lui rend des honneurs divins. Le traité conclu en 1637, sans aggraver sérieusement les conditions réelles du vasselage de la Corée vis-à-vis de la Chine, rendit cette soumission beaucoup plus humiliante dans la forme. Le roi dut reconnaître à l’empereur, non plus seulement le droit d’investiture, mais l’autorité directe sur sa personne, c’est-à-dire : la relation de maître à sujet (koun-sin).

L’un des articles de cette convention, signée le 30 de la troisième lune de tieng-tsiouk (1637-38), règle ainsi qu’il suit le payement du tribut annuel :

« Chaque année il sera présenté : Cent onces d’or. — Mille onces d’argent. — Dix mille sacs de riz en grain sans la balle. — Deux mille pièces de soie. — Trois cents pièces de mori (espèce de lin). — Dix mille pièces de toile ordinaire. — Quatre cents pièces de toile de chanvre. — Cent pièces de toile de chanvre fin. — Mille rouleaux de vingt feuilles de grand papier. — Mille rouleaux de petit papier. — Deux mille bons couteaux. — Mille cornes de buffle. — Quarante nattes avec dessins. — Deux cents livres de bois de teinture. — Dix boisseaux de poivre. — Cent peaux de tigres. — Cent peaux de cerfs. — Quatre cents peaux de castors. — Deux cents peaux de rats bleus, etc., etc. — Cet envoi commencera à l’automne de l’année kei-mio (1639). »

Le sac de riz dont il est ici question est la charge d’un bœuf, un peu moins de deux hectolitres. Quelques années après le traité, en 1650, l’ambassadeur coréen, dont la fille, emmenée captive par les Mandchoux, était devenue sixième femme de l’empereur, obtint que le tribut en riz fût diminué de neuf mille sacs. Les autres articles du traité fixent en détail toutes les relations entre les deux pays, et sauf quelques modifications insignifiantes sur des points de détail, c’est ce traité qui jusqu’à présent est la loi internationale.

Une ambassade coréenne va chaque année à Péking payer le tribut et recevoir le calendrier. Cette dernière clause est, dans l’idée de ces peuples, d’une importance capitale. En Chine, la fixation du calendrier est un droit impérial, exclusivement réservé à la personne du Fils du Ciel. Différents tribunaux d’astronomes et de mathématiciens sont chargés de le préparer, et, chaque année, l’empereur le promulgue par un édit, muni du grand sceau de l’État, défendant sous peine de mort d’en suivre ou d’en publier un autre. Les grands dignitaires de l’empire vont le recevoir solennellement au palais de Péking ; les mandarins et