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II

Histoire de la Corée. — Son état de vasselage vis-à-vis de la Chine. — Origine des divers partis politiques.


Il est difficile, sinon impossible, de faire une histoire sérieuse et suivie de la Corée, faute de documents. Les différentes histoires coréennes, écrites en langue chinoise, ne sont, au dire de ceux qui ont pu les parcourir, que des compilations indigestes de faits plus ou moins imaginaires, servant de texte à des déclamations emphatiques. Les savants coréens eux-mêmes n’y ajoutent aucune foi, et n’en font jamais un objet d’étude ; ils se bornent à lire l’histoire de la Chine. On rencontre, il est vrai, des abrégés d’histoire en langue coréenne, mais ce ne sont que des recueils d’anecdotes curieuses, vraies ou fausses, arrangées pour l’amusement des dames, et qu’un lettré rougirait d’ouvrir.

Ces différents recueils, d’ailleurs, n’ont trait qu’à l’histoire ancienne du pays, car il est sévèrement défendu de faire ou d’imprimer l’histoire moderne, c’est-à-dire celle des princes de la dynastie actuelle. Voici comment se conservent les documents. Certains dignitaires du palais inscrivent secrètement, et comme ils l’entendent, tout ce qui se passe ; puis on dépose ces écrits cachetés dans quatre coffres conservés dans quatre différentes provinces. Quand la dynastie sera éteinte, et qu’une autre lui aura succédé, on composera l’histoire officielle à l’aide de ces rédactions diverses. Il est d’usage, néanmoins, dans la plupart des grandes familles nobles, de noter sur des registres particuliers les principaux événements, mais avec la précaution de ne jamais manifester ni un jugement ni une opinion sur les actes des ministres ou même des agents subalternes ; autrement l’écrivain risquerait sa tête.

C’est donc principalement à l’aide des livres chinois et japonais que l’on a pu réunir quelques notions un peu certaines sur l’histoire de Corée. Au lieu de fatiguer le lecteur par d’ennuyeuses citations et dissertations, d’ailleurs parfaitement étrangères à