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CHAPITRE II.

Persécutions partielles. — Martyre de Ni Tokei, de François Pak, etc… — Mort du roi.


Nous venons de résumer le peu que l’on connaît des travaux apostoliques du P. Tsiou pendant son séjour de six ans en Corée. Avant de raconter le glorieux triomphe qui couronna la vie de ce saint missionnaire, il nous faut faire connaître les noms et les actes des confesseurs et des martyrs qui rendirent témoignage à Jésus-Christ, pendant cette période.

La mort des trois introducteurs du prêtre étranger n’avait pas fait entièrement cesser la persécution. Les ennemis de la religion sollicitaient vivement le roi d’ordonner de nouvelles poursuites contre les chrétiens, et ce prince, malgré sa modération, se crut obligé de donner quelque satisfaction à leurs rancunes. Tieng Iak-iong, qui avait une position élevée à la cour, fut disgracié et envoyé comme surveillant des portes, à Kim-tseng. Il avait déjà apostasié une fois, et lorsqu’il fut arrivé dans son gouvernement, il eut la lâcheté de tourmenter quelques chrétiens, pour mieux se laver du crime d’être chrétien lui-même. Poursuivi malgré tout cela par ses adversaires, il finit par présenter au roi une adresse dans laquelle sa défection était clairement exprimée, ce qui lui permit de respirer un peu.

Pierre Seng-houn-i avait depuis longtemps abandonné la religion, et fait connaître son apostasie par un écrit public. Il fut néanmoins envoyé en exil à Niei-san, où il demeura une année. Là, il publia encore une apologie de sa conduite, protestant qu’il avait rompu avec les chrétiens, et renié leur doctrine ; mais il était si méprisé à cause de sa faiblesse, que personne ne voulut ajouter foi à ses paroles. Ni Ka-hoan-i lui-même, chef du parti Nam-in, ancien ministre des travaux publics, fut aussi disgracié et nommé mandarin de la ville de T’siong-tsiou. C’est celui que nous avons vu, dans les premières années de l’établissement de la religion en Corée, entrer en conférence avec Piek-i, reconnaître la vérité de la religion, mais refuser de se convertir. Jamais Ni Ka-hoan-i ne fut du nombre des fidèles. Au contraire, il s’était fait leur persécuteur, lorsqu’il était mandarin à Kang-hoa,