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qu’il cacha dans un tuyau de plume, et dota son pays de ce précieux arbrisseau. La plante à coton périt chaque année, après la récolte ; on la sème de nouveau au printemps, comme le blé et dans les mêmes terrains. Quand le germe est sorti de terre, on arrache un grand nombre de pieds, afin que ceux qui restent soient à la distance d’une dizaine de pouces ; on relève un peu la terre autour de chaque tige ; on a soin d’enlever constamment les herbes parasites, et, en septembre, on obtient une assez belle récolte. La pomme de terre, introduite à une époque récente, n’est presque pas connue des Coréens. La culture en est interdite par le gouvernement ; on ne sait pourquoi. Les chrétiens seuls en font pousser quelques-unes en cachette, afin de pouvoir offrir des légumes européens aux missionnaires, lorsqu’ils viennent visiter leurs villages.

Ce sont les chrétiens qui, les premiers en Corée, ont cultivé les montagnes. Repoussés par la persécution dans les coins les plus écartés, ils ont défriché pour ne pas mourir de faim, et l’expérience de quelques années leur a enseigné le système de culture le plus convenable à ce genre de terrain. Les païens, étonnés du succès de leurs tentatives, les ont imités, et aujourd’hui beaucoup de montagnes sont cultivées. Le tabac est la principale récolte de ces lieux élevés ; le millet y réussit assez bien, ainsi que le chanvre et certaines espèces de légumes, mais le coton n’a pu encore y être acclimaté. Ce genre de culture qui demande beaucoup plus de travail que celui de la plaine, offre en échange de grands avantages aux laboureurs pauvres. Les impôts sont moins élevés ; le bois, l’herbe, les fruits sauvages, sont en abondance sous la main. Le gros navet, dont il se fait une consommation considérable, vient très-bien au milieu des plantations de tabac et fournit une ressource précieuse. Malheureusement, la terre s’épuise assez vite, et tandis que dans les vallées on ne voit jamais de champs en jachère, il faut, sur les montagnes, après quelque temps, laisser reposer le terrain pendant plusieurs années ; encore ne retrouve-t-il presque jamais la même force productive qu’il avait après le premier défrichement.

Les fruits sont abondants en Corée ; on y retrouve presque tous ceux de France, mais quelle différence pour le goût ! Sous l’influence des pluies continuelles de l’été, pommes, poires, prunes, fraises, mûres, raisins, melons, etc., tout est insipide et aqueux. Les raisins ont un suc désagréable ; les framboises ont moins de saveur que les mûres sauvages de nos haies ; les