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d’en faire son modèle et son protecteur. C’est sous ce nom que nous le désignerons désormais.

Ces trois hommes, Pierre, Jean-Baptiste et François-Xavier marchaient d’un pas égal dans la noble voie qu’ils s’étaient tracée, et profitaient de toutes les occasions pour faire briller la lumière de la foi aux yeux de leurs compatriotes. Jusqu’alors la prédication de l’Évangile s’était faite ouvertement et sans entraves, mais déjà il était facile de prévoir que la vérité ne se répandrait pas sans combats. Les contradictions commençaient à s’élever. Les préjugés bien connus du gouvernement et du peuple coréens faisaient craindre de prochaines violences. Ces prévisions ne découragèrent pas nos trois prédicateurs. Ils continuèrent à annoncer Jésus-Christ, et la foi lit de grands progrès. Xavier Kouen surtout, soit par lui-même, soit par ses disciples, obtint des succès prodigieux.

La prédication avait commencé à la capitale, et dans la province attenante ; mais bientôt la parole de vie fut portée dans les autres parties de la Corée.

Il y avait alors dans la maison de Xavier Kouen un jeune homme nommé Ni Tan-ouen-i ou encore Tson-t’siang-i. Il était né dans le village de Ie-sa-ol, au district de T’ien-an, province de T’siong-t’sieng, sur les limites de la grande et fertile plaine de Naï-po, et appartenait à une honnête famille de cultivateurs. Ayant reçu de la nature des talents peu ordinaires, il se livra d’abord chez lui à l’étude des lettres, mais bientôt le désir de s’instruire plus complètement fit naître dans son esprit la pensée d’aller étudier auprès de quelque maître célèbre. Les docteurs Kouen étaient alors en grande réputation. Tan-ouen-i se rendit auprès d’eux et se fit leur disciple. Xavier Kouen fut charmé du bon esprit et des belles qualités de son nouvel élève. Il lui donnait ses soins, déjà depuis un certain temps, lorsqu’il eut le bonheur de devenir chrétien. Aussitôt, il fit connaître la religion à Tan-ouen-i, s’appliquant à lui enseigner non seulement les principaux articles de la foi, mais surtout les devoirs de la vie chrétienne, et la manière de les remplir. Il réussit au delà de toute espérance. Ni Tan-ouen-i fut baptisé sous le nom de Louis de Gonzague, et reçut de son maître la mission de retourner dans son pays pour y prêcher à son tour. Il revint donc dans sa province, et convertit en très-peu de temps sa famille, ses proches, ses amis et une multitude de personnes que sa réputation de savoir et de vertu attirait de toutes parts. Ainsi furent jetés les premiers fondements de la célèbre chrétienté du Naï-po,