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chaussure a l’avantage d’être moins chaude que nos souliers. Avec ces sandales, vous pouvez faire jusqu’à dix lieues de suite, quelquefois beaucoup moins. Il faut donc à chaque moment les renouveler ; toutefois, on le peut sans beaucoup de frais, car leur prix varie de trois à huit sapèques (deux sapèques et demie valent un sou de France). D’autres sandales un peu plus belles et plus chères, de même forme, sont confectionnées avec du chanvre ou avec l’écorce de l’arbrisseau morus papyrifera, mais ces dernières se perdent au moindre contact de l’eau. Il y a aussi des souliers en cuir assez bizarres, vilains, et incommodes, mais, outre que les quatre-vingt-dix-neuf centièmes de la population ne peuvent pas se permettre un pareil luxe, cette chaussure est bonne tout au plus pour circuler dans la maison ; nul n’oserait se mettre en route les pieds chargés de pareilles entraves.

« Mais, au moins, vous aurez des bas, car tout Coréen, lorsqu’il n’est pas occupé aux travaux des champs, peut se donner cette satisfaction, à moins qu’il ne soit réduit à une extrême misère. N’allez pas croire cependant qu’il s’agit de bas élastiques de soie, de laine, de coton, ou de toute autre matière dont on se sert en Europe pour cet usage ; deux simples morceaux de toile grossière cousus de manière à se terminer en pointe et suivre les contours du pied, vous gêneront, si vous voulez, bien souvent, mais enfin ils vous couvriront les pieds, et ce seront vos bas coréens. Une culotte aussi ample que celle des zouaves, mais à formes bien moins gracieuses, remplace on ne peut plus modestement le pantalon ; des guêtres étroites et en toile viennent se nouer sous le genou et retiennent les jambes de la culotte plissées contre les mollets. Pour couvrir le haut du corps vous aurez une veste qui, pour la forme et la longueur, correspond à la carmagnole que portent les paysans français dans certaines provinces. Les propriétaires à l’aise et qui ne travaillent pas revêtent ordinairement par-dessus un habit, pourvu de larges manches, fendu sur les côtés, et qui retombe jusqu’aux genoux par devant et par derrière, à peu près de la même manière que le grand scapulaire des religieux carmes ; les paysans au contraire ne revêtent cet habit que lorsqu’ils sont en voyage ou en visite. La mode s’est introduite de le remplacer, en hiver, par une redingote qui, chez les dignitaires, doit toujours être fendue par derrière comme nos redingotes françaises, tandis que les personnes ordinaires ne peuvent pas la porter fendue. Enfin, un surtout de cérémonie et qui ne diffère de celui que nous venons de décrire que par ses