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les relations. La principale cérémonie du jour de l’an, est le sacrifice aux tablettes des ancêtres. Chacun y déploie toute la pompe que lui permet sa position, et c’est, dans l’opinion commune, le sacrifice le plus indispensable de toute l’année. Si les tombeaux des parents se trouvent près de la maison, on s’y rend de suite pour faire les prostrations et cérémonies voulues ; sinon, on est tenu de les visiter dans le courant de la première lune. Après le sacrifice vient la distribution des étrennes, qui généralement sont peu considérables. Elles consistent en quelques vêtements qu’on donne aux enfants ou aux inférieurs, en pâtisseries que l’on envoie aux supérieurs, amis, et connaissances. À la capitale, les parents font assez souvent cadeau à leurs enfants de quelques joujoux de peu de valeur. Les jours suivants se passent en échange de civilités, visites, réunions, soirées. Les travaux, les transactions commerciales, les séances des tribunaux, etc., ne peuvent recommencer que le cinquième jour de la lune, ce qui fait, en tout, huit jours de repos légal. En fait, ce repos est beaucoup plus prolongé, et quinze ou vingt jours se dépensent en jeux et en parties de plaisir, sans que personne y trouve à redire.

Les familles riches célèbrent aussi l’anniversaire de la naissance de chacun de leurs membres par une réunion et un festin ; chez les pauvres on ne tient compte que du jour de naissance du chef de la maison. Ce jour-là, on invite les voisins à un petit régal. Entre tous ces anniversaires, le plus célèbre est celui de la soixante et unième année. Les Coréens suivent le cycle chinois de soixante ans, et chacune des années porte un nom particulier, comme chez nous les noms des jours de la semaine ou des mois de l’année. Cette période de soixante ans une fois écoulée, les années de même nom recommencent dans le même ordre, et l’année de la naissance se présente après une révolution entière du cycle. Cet anniversaire appelé Hoan-kap, est en ce pays l’époque la plus solennelle de la vie. Riches et pauvres, nobles et gens du peuple, tous ont à cœur de fêter dignement ce jour où l’âge mûr finit, où commence la vieillesse. Celui qui atteint cet âge est censé avoir rempli sa tâche, achevé sa carrière ; il a bu à longs traits la coupe de l’existence, il ne lui reste qu’à se souvenir et à se reposer.

Longtemps d’avance on fait les préparatifs de la fête. Quelle plus belle occasion de montrer de la piété filiale ! de prouver publiquement combien on apprécie l’inestimable bonheur d’avoir conservé ses parents jusqu’à un âge aussi respectable ! Les riches