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avec le dernier souffle de la vie ; mais pour les grands hommes, ils subsistent encore après leur mort. Parlait-il de leur âme, ou prétendait-il qu’ils étaient transformés en esprits ou génies ? Je l’ignore, et lui-même ne le savait pas. » Dans chaque district, se trouve un temple de Confucius. Ce sont de petits bâtiments assez beaux pour le pays, avec de vastes dépendances. On les appelle hiang-kio. On ne peut passer à cheval devant ces temples, et des bornes, placées aux extrémités du terrain consacré, marquent l’endroit où il faut mettre pied à terre. C’est dans ces temples que les lettrés tiennent leurs réunions, et l’on y offre des sacrifices, à la nouvelle et à la pleine lune. Quand les revenus attachés aux temples ne suffisent pas pour couvrir les frais, la caisse du district doit y suppléer. Les lettrés élisent entre eux ceux qui doivent, pour un temps donné, exercer les fonctions de sacrificateur.

Les se-ouen sont des temples élevés aux grands hommes avec l’autorisation du roi. Leurs portraits y sont conservés, et l’on témoigne à ces portraits une vénération presque égale à celle que l’on a pour les tablettes des défunts. Si ces grands hommes ont laissé des descendants, ceux-ci sont, de droit, fonctionnaires de leurs temples ; sinon, les lettrés du voisinage remplissent à tour de rôle, l’office de sacrificateur. Quelques-uns de ces se-ouen sont très-célèbres dans le pays, et le gouverneur ou ministre qui refuserait d’accorder sur les deniers publics les sommes, quelquefois énormes, exigées par les fonctionnaires de ces temples pour les frais des sacrifices, compromettrait gravement sa position.

Les livres sacrés de la Chine sont aussi les livres sacrés des Coréens. Il en existe une traduction officielle en langue vulgaire, à laquelle il est défendu de changer un seul mot sans l’ordre du gouvernement. Le lettré ou docteur qui se permettrait de donner une interprétation différente sur un point grave, pourrait bien payer de sa tête une telle audace. Il y a quelques années, un noble, poursuivi pour avoir publié quelques attaques contre un sage, disciple de Confucius, faillit périr dans une émeute de lettrés, et le roi eut beaucoup de peine à lui sauver la vie. Outre ces livres, il y a en Corée un recueil de prophéties ou livre sibyllin, prohibé par le gouvernement, et qui circule en cachette. On attribue à ce livre une très-grande antiquité. Il annonce clairement, dit-on, pour l’année sainte, l’établissement d’une religion qui ne sera ni celle de Fô, ni celle de Confucius. Mais qu’est-ce que cette année sainte ? nul ne le sait.

À côté de la religion officielle se trouve, comme nous l’avons dit, le bouddhisme ou doctrine de Fô, qui est maintenant en