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égaux. Les amis et connaissances n’en emploient pas d’autre, et c’est le plus généralement connu. Les femmes ne changent pas de nom propre à leur mariage. Elles conservent leur nom d’enfant, ou plutôt n’ont plus de nom particulier. On les désigne généralement par le nom de leur mari suivi du mot : taik, madame, ou koa-taik, madame veuve. Le nom propre légal est imposé quelquefois dès l’enfance, le plus souvent à l’époque du mariage. Il se compose de deux caractères chinois, et parmi les nobles, tous ceux qui descendent d’une branche ou souche commune doivent y faire entrer un caractère de convention qui change à chaque génération : de sorte qu’à la seule vue de ce caractère, on connaîtra de suite le nombre de générations qui séparent en ligne directe de la souche originaire, et le degré de parenté en ligne collatérale. Ce nom n’est pas employé dans les relations habituelles de la vie, sinon envers les dignitaires et les hommes haut placés, mais il est le seul qui paraisse dans les actes publics, dans les contrats civils, dans les examens, les procès, etc… Il sert de signature lorsqu’on écrit une lettre importante. Souvent ce nom, quoique inscrit dans les listes généalogiques, ou dans les registres officiels de l’État, est inconnu des personnes qui ne sont pas de la famille, ou n’ont pas de rapports fréquents avec l’individu. Ordinairement, les gens du peuple n’ont pas de nom civil. Les sobriquets sont très-communs en Corée, et tout le monde peut les employer.

Remarquons ici que l’étiquette coréenne défend non-seulement d’appeler par leur nom le père ou la mère, ou les oncles, ou tout autre supérieur, mais qu’elle interdit même de prononcer ce nom. En pareil cas, les gens bien élevés ont recours à diverses périphrases. Le nom du roi, composé d’un ou deux caractères chinois, est imposé par la cour de Péking quand elle donne l’investiture ; il ne doit jamais se prononcer, et le peuple ne connaît même pas ce nom. Après la mort du prince, son successeur lui donne un nom sous lequel l’histoire devra le désigner.

Quelques mots, en terminant, sur le deuil légal tel qu’il est observé en Corée, surtout dans les hautes classes. Quand un noble a perdu son père, sa mère, ou un de ses proches parents, il n’est pas libre de le pleurer à sa manière ; il doit, et pour le temps, et pour le lieu, et pour la méthode, et pour la durée du deuil, se conformer aux rubriques, telles qu’elles sont expliquées au long dans un traité officiel, publié par le gouvernement. Y manquer en un point grave serait perdre la face, en d’autres termes, être