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bastonnade. Celui-ci n’a pas le droit de se défendre, et si on montre un peu d’énergie, il est obligé ou de changer de conduite ou de s’enfuir et de quitter la province. Malheureusement, il est rare que les familles aient la persévérance requise, et ces punitions, ordinairement insuffisantes, ne font que pallier le mal.

Tout ce que nous venons de dire de la parenté, de ses liens et de ses obligations, ne doit s’entendre que de la parenté par le père, c’est-à-dire entre ceux qui portent le même nom. Elle s’étend jusqu’au delà du vingtième degré, et n’a pas, pour ainsi dire, de limite légale, tandis que la parenté par la mère est à peu près nulle. Dès la seconde génération, on ne se connaît plus, on ne s’entr’aide plus, et l’on ne porte plus le deuil.

Les noms de famille sont en très-petit nombre, cent quarante-cinq ou cent cinquante au plus, et encore beaucoup de ces noms sont peu répandus. Tous sont formés d’un seul caractère chinois, sauf six ou sept qui se composent de deux caractères. Pour distinguer les différentes familles qui portent le même nom, on joint à ce nom ce qu’on appelle le pou, c’est-à-dire : l’indication du pays d’où ces familles sont venues originairement. Si ce pou est différent, on n’est pas censé parent, mais s’il est le même, on est parent aux yeux de la loi, et le mariage est interdit. Il y a des noms comme Kim et Ni qui ont plus de vingt pou, c’est-à-dire qui sont communs à plus de vingt familles d’origine différente. Nous les avons indiqués dans cette histoire sous le nom de : branche de tel ou tel endroit. Le nom de famille ne s’emploie jamais seul ; il est suivi ou d’un nom propre, ou du mot so-pang pour les hommes encore jeunes, ou du titre saing-ouen pour les nobles âgés, les chefs de famille, etc… Ces expressions répondent à peu près à nos mots : monsieur, seigneur.

Outre ces noms de famille, il y a les noms propres de chaque individu. On en compte habituellement trois, savoir : le nom d’enfant, le nom propre vulgaire, et le nom propre légal, auxquels il faut ajouter le surnom ou sobriquet, et, pour les chrétiens, le nom de baptême. Le nom d’enfant se donne quelque temps après la naissance, et tout le monde, sauf les esclaves et domestiques, s’en sert comme appellatif de la personne jusqu’à l’époque de son mariage ; ce nom est un des mots de la langue ordinaire. Il s’emploie seul ou à la suite du nom de famille. Après le mariage il n’est plus jamais employé pour les hommes, sauf quelquefois par le père, la mère, le précepteur et autres personnes semblables. Le nom propre vulgaire se donne au moment du mariage. Il sert d’appellatif de la part des supérieurs et des