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CÉSAR FRANCK

« Je vous écrirai plus longuement une autre fois, mais je veux vous dire que nous avons eu un concert ici, dans lequel on a exécuté votre Chevauchée du Cid parfaitement, elle a obtenu un grand succès. C’est Fontaine qui chantait le solo. Vous étiez en compagnie de votre maître dont on a exécuté la marche et les ballets d’Hulda, tout a été applaudi chaleureusement.

« Il faut que je vous quitte, mon cher Vincent ; je vous serre la main affectueusement et vous charge de mes meilleurs souvenirs pour votre chère femme.

« Un baiser à vos charmants enfants.

« Duparc est établi près de Pau, il a acheté une propriété !

« Votre vieil ami,
« César Franck. »



En dépit de cette affabilité naturelle, Franck était tenu en suspicion par la plupart des musiciens de son temps, et comme, malgré sa modestie, il ne sut jamais ramper à plat ventre devant les puissants du jour, pas plus qu’il ne voulut se conformer platement aux règles sacro-saintes de la convention conservatorienne quand celles-ci lui paraissaient devoir être transgressées, il fut, durant toute sa carrière, en butte à l’envie et même à la haine de beaucoup de ses collègues qui ne pouvaient évidemment le comprendre, leur esprit étant, sur toutes choses, à l’antipode du sien.

Cette haine — ce qui est plus grave — rejaillit parfois sur ses élèves et je sais tels concours où des prix furent refusés aux plus méritants, uniquement pour faire pièce au professeur… Le