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L’ARTISTE ET L’ŒUVRE MUSICAL

car cette opinion est le résultat d’observations très minutieusement déduites qui, venant d’un critique érudit et complètement dépourvu de parti pris, ne peuvent qu’intéresser tout esprit doué du sentiment de l’art.

« D’après la fable antique, Psyché, touchée d’amour mais tentée par les indiscrètes impatiences du savoir et cédant à la curiosité, retombe sur elle-même, impuissante à se relever et privée pour toujours de la vision directe de l’au-delà. Franck n’a pas hésité à rompre avec la tradition païenne. Son poème aboutit à un dénouement plus optimiste. Psyché s’est endormie, étrangère maintenant aux bruits extérieurs. Les zéphyrs — c’est-à-dire ses plus pures aspirations — l’emportent dans les jardins d’Éros, dans le paradis désiré. Le céleste époux l’attendait. Mais elle commet l’imprudence de vouloir percer le mystère dont il s’enveloppe : la sublime vision disparait. Retombée sur la terre, errante et plaintive, Psyché exhale sa douleur. Éros pardonne à la légitime ambition que lui-même avait, en somme, inspirée : tous deux montent dans la lumière. C’est l’apothéose, l’amour qui n’a plus à croire, qui voit et possède. C’est une véritable Rédemption.

« Plus encore que le libretto, la musique de