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CÉSAR FRANCK

Cette symphonie est bien réellement celle qui devait venir comme couronnement du travail artistique latent au cours des cinq années auxquelles je viens de faire allusion[1].

Psyché, œuvre qui m’est particulièrement chère, puisque le maître me fit l’honneur de me la dédier, en accolant à mon nom le précieux titre d’ami, fut exécutée pour la première fois au concert de la Société Nationale du 10 mars 1888 et reprise ensuite aux Concerts Colonne le 23 février 1890.

J’ai déjà parlé de la signification toute mystique de cette œuvre qui, malgré son étiquette antique, n’a absolument rien de païen, encore bien moins de renaissant, mais est imbue au contraire d’une grâce toute chrétienne, à la façon des fresques de l’Arena de Padoue ou des Fioretti de saint François d’Assise ; je veux cependant porter à la connaissance du lecteur ce qu’écrit à son sujet M. Derepas dans l’opuscule duquel j’ai déjà fait mention précédemment,

  1. Il faut faire justice de l’opinion erronée de certains critiques mal informés qui s’efforcent de faire passer la symphonie de Franck pour un succédané (ils n’osent dire une imitation, la différence entre les deux est trop flagrante) de celle en ut mineur de Saint-Saëns. Le fait brutal tranchera la question. La Symphonie avec orgue de Saint-Saëns fut jouée, il est vrai, pour la première fois en Angleterre en 1885, mais elle ne fut donnée et connue en France que deux ans plus tard (première audition le 9 janvier 1887, au Conservatoire) ; or, à cette date, la composition de la Symphonie de César Franck était entièrement terminée.