Page:D’Indy - César Franck, 1906.djvu/163

Cette page a été validée par deux contributeurs.
153
L’ARTISTE ET L’ŒUVRE MUSICAL

La symphonie en sol mineur de Lalo, très classique de plan, est remarquable par la séduction qu’y exercent les motifs choisis, et plus encore par le charme et l’élégance des rythmes et des harmonies, qualités distinctives de l’imaginatif auteur du Roi d’Ys.

La symphonie en ut mineur de Saint-Saëns, pleine d’un incontestable talent, semble constituer une gageure contre les lois traditionnelles de la construction tonale, gageure que le compositeur soutient avec une habile éloquence ; mais malgré l’indéniable intérêt de cette œuvre basée, comme plusieurs autres de Saint-Saëns, sur le thème de la prose : Dies iræ, l’impression finale reste un sentiment de doute et de tristesse.

La symphonie de Franck, au contraire n’est qu’une constante ascension vers la pure joie et la vivifiante lumière, parce que la construction en est solide et les thèmes des manifestations de beauté. Quoi de plus joyeux, de plus sainement vivant que le motif principal de ce final autour duquel viennent comme se cristalliser toutes les autres idées de l’œuvre, tandis que, dans les régions supérieures, domine toujours celle que M. Ropartz nomme très justement « le motif de la croyance[1]» ?

  1. J Guy Ropartz. Symphonies modernes, extrait des Notations artistiques. Lemerre, 1891.