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L’ARTISTE ET L’ŒUVRE MUSICAL

ils apparaissent successivement au fur et à mesure que le monument s’élève, et n’atteignent leur croissance définitive que lorsque celui-ci arrive au faîte.

Je n’ai pas besoin, je suppose, de faire remarquer que la première des cellules organiques citées plus haut sert de thème commun aux quatre pièces dont se compose l’ouvrage et qu’elle engendre dans le final, transformation très hardie de l’ancien type rondeau, un admirable et définitif exemple du canon mélodique, tel que Franck fut jusqu’ici seul capable de le concevoir.

Dès ce moment, la forme cyclique, base de l’art symphonique moderne, était créée et consacrée.

La majestueuse, plastiquement et parfaitement belle Symphonie en ré mineur est également construite suivant la même méthode. J’emploie ici à dessein le mot méthode pour la raison suivante : après avoir pendant longtemps noté Franck comme un empirique et un improvisateur — ce qui est radicalement faux — ses envieux (et il en suscitait beaucoup en dépit de sa bonté sans seconde) et surtout ses ignorants détracteurs s’avisèrent tout d’un coup de faire volte-face et, adoptant la thèse opposée, de le désigner comme un algébriste de la musique, subordonnant l’élan de la pensée au consciencieux tra-