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CÉSAR FRANCK

de relier ces deux pièces par un choral dont l’esprit mélodique planerait au-dessus de toute la composition, et c’est ainsi qu’il fut amené à produire une œuvre toute personnelle où rien, cependant, dans la construction, n’est laissé au hasard ni à l’improvisation, mais dans laquelle tous les matériaux, au contraire, sans en excepter aucun, servent à la beauté et à la solidité du monument.

Le prélude reste dans le moule classique de l’ancien prélude de suite ; son thème, unique, s’expose à la tonique, puis à la dominante, et se termine suivant l’esprit beethovénien, par une phrase qui donne au thème un sens encore plus complet. Le choral, en trois parties, oscillant de mi bémol mineur à ut mineur, offre deux éléments distincts : une superbe phrase expressive présageant et préparant le futur sujet de la fugue, et le choral proprement dit, dont les trois paroles, pour ainsi dire, prophétiques, se déroulent en volutes sonores dans une calme et religieuse majesté.

Après un intermède qui nous ramène de mi bémol mineur à si mineur, ton principal, la fugue vient présenter ses successives expositions après le développement desquelles rentrent le dessin et le rythme de la phrase complémentaire du prélude ; le rythme seul persiste et accompagne une reprise très mouvementée du thème du choral, puis c’est, bientôt après, le sujet de la