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L’ARTISTE ET L’ŒUVRE MUSICAL

que l’atavisme traditionnel d’un côté, la réflexion et l’expérience de l’autre, ont rendu capable de tout oser et d’édifier simplement et solidement des chefs-d’œuvre.

À ce moment, une dernière transformation s’est opérée : Franck sait et veut composer. Loin de lui les tâtonnements, les hésitations de la jeunesse, bien loin le calme presque monacal de l’âge mûr ! Il semble, comme l’a remarqué son élève J. G. Ropartz[1], qu’il se soit recueilli pendant un certain nombre d’années afin d’acquérir les forces nécessaires au parcours de cette nouvelle carrière qui, au seuil de la cinquantième année, s’ouvre devant lui, tout étincelante de joies et de clartés nouvelles, et il s’y élance, alors, sûr de lui, plein d’une foi ardente et d’un juvénile enthousiasme.

Oui, il sait, à ce moment, comment mettre en œuvre les inspirations qui lui montent en foule au cerveau, et il veut créer. Et cette création est rayonnante de vie, débordante de beauté.

Il n’entend point qu’une seule des formes de son art lui soit étrangère ; symphonie, musique vocale, musique de chambre, oratorio, drame lyrique même, il aborde tout, aucune des terres du continent musical ne reste inexplorée par lui.

  1. Revue internationale de musique, décembre 1890.