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CÉSAR FRANCK

Si l’on a bien suivi l’enchainement des tonalités employées, on aura pu se convaincre de l’évidente intention qui a présidé à leur ordonnance, intention dont Franck ne se cachait point et dont il était même très fier : « Je n’ai mis dans cette partition, nous disait-il, que des tons dièzes, afin de rendre l’effet lumineux de la Rédemption. »

Et, de fait, avec quelle admirable logique les tons dièzes se succèdent dans l’œuvre !

Partant d’une tonalité neutre et sans couleur absolue, la mineur, la première partie s’illumine par degrés ; il semble qu’on monte vers le plus de lumière au moyen des échelons mi, dominante, la majeur et fa dièze majeur.

Le morceau symphonique du milieu, suivant son rôle poétique, nous fait redescendre, au contraire, de la majeur, ton clair, jusqu’à la primitive obscurité de la mineur ; mais la dernière partie, tristement commencée en fa dièze mineur (relatif du ton clair précédent), se teinte à nouveau de nuances lumineuses pour terminer victorieusement au ton de si majeur, ton définitif, en opposition absolue avec ténèbres de la mineur et dont le Noël en fa dièze de la première partie n’était que la dominante annonciatrice.

Cette solide architecture, constituant un monu-