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L’ARTISTE ET L’ŒUVRE MUSICAL

la raison), était telle que nous la voyons actuellement. Le vol des anges, s’éloignant de la terre rebelle, chante tristement, et, comme la première fois, les violons répètent leur chant en douloureux écho ; mais ce chœur, bâti de la même manière que le premier, et, bien que la parenté mélodique entre les deux reste fort appréciable, donne cependant une tout autre impression que celui-ci. Les anges n’y pleurent point humainement, comme ils s’étaient réjouis dans le premier ; Franck a su, pour exprimer l’angélique douleur, faire choix d’une mélodie à la fois plaintive et sereine, sublime chant de compassion d’êtres immatériels… Il fallait être lui pour trouver cela.

Le chœur est écrit dans le ton de fa dièze mineur, contrastant avec la joie du Noël de la première partie, par simple changement de mode.

Peu à peu, la lumière, abolie pour un temps, recommence à filtrer à travers les sombres erreurs humaines : c’est l’Espérance qui reparait avec l’Archange, dans un air plus classique que l’hymne enthousiaste de la première partie, mais qui, modulant de si mineur à si majeur, amène graduellement, et dans cette dernière tonalité, la chaleureuse prière des hommes repentants, au-dessus de laquelle plane entre ciel et terre le thème prophétique, joyeusement chanté par les anges radieux.