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CÉSAR FRANCK

lumières que comporte ce beau sujet, jugea que seule, une gradation bien établie de ces teintes musicales qu’on nomme les tonalités, pouvait, par opposition et contraste, arriver à rendre les nuances de couleur si clairement exposées par le poème. Il imagina donc une construction tonale absolument moulée sur le sens des paroles et procédant, pour la première et la troisième parties, de l’obscurité à la clarté, tandis que le morceau symphonique, fidèle interprète de son argument, commençait en pleine chaleur pour se terminer sur la tonalité froide et terne attribuée au chœur initial de l’œuvre.

C’était la première fois que le maître appliquait consciemment, par recherche de l’expression poétique, ce fertile et traditionnel principe d’architecture tonale dont il ne s’était que timidement servi jusqu’alors, et qui constitua plus tard la grande force de son enseignement.

Je donnerai ici une brève analyse de l’œuvre, afin que l’on puisse se rendre un compte exact de la géniale logique qui présida à sa composition.

1re Partie : Après une courte introduction, présageant, en un lointain à peine perceptible, le chant prophétique des anges, dont la suave mélodie s’expose pianissimo par un canon à la dixième inférieure et dans la tonalité de la majeur :