la première, il faut bien le dire, était évidemment supérieure par l’ordonnance générale de la composition, établie sur un plan absolument nouveau qu’il fallait être Franck pour concevoir et réaliser.
Afin de faire comprendre ce plan, je crois
nécessaire de donner en quelques lignes un
aperçu de la marche du poème.
Première partie. — Les hommes s’agitent au milieu des ténèbres égoïstes du paganisme ; ils croient trouver le bonheur dans les jouissances et dans la haine, il n’en résulte que des œuvres de mort. Tout à coup, un vol d’anges illumine l’espace, l’un d’eux annonce la venue rédemptrice du Sauveur sur la terre, et les hommes, régénérés, unissent leurs voix en un cantique de Noël.
Deuxième partie : Morceau symphonique. — (Ici je copie l’argument de ce poème pour orchestre seul, argument qui fut imaginé et rédigé par Franck lui-même) : « Les siècles passent. — Allégresse du monde qui se transforme et s’épanouit sous la parole du Christ. — En vain s’ouvre l’ère des persécutions, la Foi triomphe de tous les obstacles. — Mais l’heure moderne a sonné ! La croyance est perdue ; l’homme, en proie de nouveau à l’âpre désir des jouissances et aux agitations stériles, a retrouvé les passions d’un autre âge ! »
Troisième partie. — Les anges, se voilant la face de leurs
ailes, à l’aspect des crimes de la terre, pleurent sur l’homme
retourné à la bestialité païenne. Mais l’archange vient, sur un
ton plus grave, annoncer une nouvelle rédemption : le pardon
des erreurs peut être obtenu par la prière. Et les hommes,
apaisés et repentants, unissent leurs cœurs en un cantique de
fraternelle charité.
Franck, frappé par l’alternance d’ombres et de