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CÉSAR FRANCK

qui donne un peu la sensation de certains arrangements d’étoffes dans les fresques d’Orcagna ou de Botticelli. La phrase musicale, douce et prenante, se meut autour du ton de si bémol majeur et conclut par une confiante exclamation de Ruth :

Ah ! je ne suis plus étrangère !


qui, constatant un changement d’état dans l’âme de la jeune Moabite, amène par cela même, suivant le principe de la construction dramatique, une tonalité toute nouvelle, sans parenté avec le ton établi jusque-là et absolument lumineuse, c’est la tonalité de si majeur, sur laquelle se reproduit de nouveau le dessin initial et qui clôt la scène.

La troisième partie renferme un deuxième duo entre Ruth et Booz, similaire de celui dont je viens de parler et qui est un des morceaux le plus véritablement Franck de la partition.

À noter, à propos de cette scène, une remarque assez intéressante au point de vue de la diversité d’impression que peut produire un même contour mélodique : l’un des motifs principaux, employé ici pour peindre la paternelle tendresse de Booz, est absolument identique comme dessin à celui dont M. Massenet a usé pour étiqueter la passion, un peu malsaine, de des Grieux pour