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LUDWIG VAN BEETHOVEN

pas d’exception — sont dédiés à ceux qui ont joué dans sa vie un rôle d’ami sincère, de protecteur affectueux ou d’interprète compréhensif. Au prince Lichnowsky qui l’accueillit au début de sa carrière, les trois trios, op. 1 ; à son maître Haydn, les trois premières sonates de piano ; à son protecteur de Bonn, l’archevêque Max-Franz, la première symphonie, mais l’électeur étant mort avant que la symphonie ne parût, ce fut le baron van Swieten, l’un de ses premiers amis viennois, qui en reçut la dédicace. Et, pour abréger : à celui qui avait encouragé son talent naissant, au comte Waldstein, et au cher ami Franz de Brunsvik, les Sonates op. 53 et 57 ; à ses bienfaiteurs, Lobkowitz et Rasoumovsky, la symphonie en ut mineur et la Pastorale ; à la comtesse Erdödy — nous avons dit ce qu’elle fut pour lui — les deux trios, op. 70 et les deux sonates pour violoncelle, op. 102 ; à son ami le comte Maurice Lichnowsky, l’œuvre 90 dont nous parlerons tout à l’heure ; au baron von Stutterheim, qui avait accepté Karl, le triste neveu du grand homme, en qualité de cadet, dans le régiment Erzherzog-Ludwig dont il était colonel, l’admirable XIVe quatuor ; enfin, à son unique élève, le cher archiduc Rodolphe d’Autriche, une foule de chefs-d’œuvre, dont le Concerto en mi bémol, la sonate de l’Adieu, la sonate pour violon, op. 96, le trio, op. 97, les Sonates, op. 106 et 111 et la Missa solemnis.

On voit que Beethoven se garda, sauf les exceptions royales ou impériales, d’attacher à aucune de ses grandes œuvres le nom d’un indifférent à son art. Ferdinand Ries s’était constitué le garde du corps du grand homme et resta de longues années près de lui,